(Annexe des Grammaires de la philosophie - I, II, III -)
Remarques générales:
-
Il est possible de dégager trois grammaires élémentaires à partir de trois anthropologies différentes. Le pragmatisme est en réalité une variante du sensualisme: la différence portant sur le critère de ce qui est utile.
-
Ces anthropologies de base connaissent chacune une version perfectionnée. Dans le cas, du sensualisme, de l'idéalisme et du pragmatisme, il s'agit de l'introduction de la médiation de la rationalité. Dans le cas du matérialisme rationaliste, il s'agit de l'émergentisme. L'émergentisme suppose l'introduction de la médiation de la temporalité.
-
Il est possible de produire encore d'autres sous-grammaires à partir de la combinaison de ces éléments de base.
-
Ces trois grammaires de base traversent l'ensemble du champ philosophique
-
L'hypothèse qui peut être formulée est la suivante: ces grammaires de base permettent de fournir une modélisation relativement satisfaisante des principaux problèmes philosophiques qui peuvent se poser quelque soit le champ philosophique concerné.
6. Applications des grammaires de la philosophie:
a) modélisation des principales positions philosophiques possibles par rapport aux grands problèmes classiques de la philosophie.
b) modélisation des principales positions épistémologiques.
c) Modélisation philosophique des controverses concernant des grands problèmes de société, des principales positions politiques.
d) Modélisation théorique des stratégies des acteurs relativement à des situations concrêtes.
Domaines:
Grammaire sensualiste
Grammaire matérialiste rationaliste
Grammaire idéaliste
Condition de possibilité génoséologique
A partir de l'intuition sensible:
A partir de la raison:
A partir de l'intuition intellectuelle:
« ontologie »
phénomène
matière
esprit
Epistémologie
Empirisme
Réalisme
Idéalisme
Politique
- Exemples:
Libéralisme économico-politique
Marxisme
Tradition républicaine française
Epistémologie sciences sociales (analyse culture)
Individualisme méthodologique
Matérialisme historique
Structualisme
Sciences humaines compréhensives
Anthropologie
Sujet empirique sensible -
vivant -
Rédutionisme matérialiste
Dualisme corps/esprit
Morale
Hédonisme/
Utilitarisme/
Ethiques naturalistes
morale comme idéologie
Devoir morale comme norme transcendante
Version plus complexe:
|
Sensualisme |
Matérialisme rationaliste |
Idéalisme |
Pragmatisme |
||||
Sujet (Anthro pologies philosophiques) |
Sujet sens -sible: cherche satisfac -tion de ses besoins vitaux dont la marque est le plaisir. |
Sujet sensible + raison instrumentale |
Sujet sensible comme partie de la rationalité naturelle. |
Sujet sensible + raison diale ctique |
Sujet intel- ligible + raison. Possible distinction entre raison théorique et pratique. |
Sujet comme esprit intuitif |
Sujet sensible: cherche à se conserver donc satisfaction besoins vitaux. Mais marque par plaisir. Au-delà cherche à augmenter sa puissance vitale |
Sujet sensible orienté vers la recherche de l'utilité vitale + raison pragmatique |
Connais -sance |
Sensualisme relativiste
|
Empi - risme: perception de sensation et peception de réflexion |
Rationalisme formalisme – cohérentisme. |
Intuitionnisme: connaissance par intuition intellectuelle |
Justifica tion relative à un jeu de langage |
Vérité comme limite idéale de l'enquête |
||
Ontologie réalité nature |
Monisme conti - nuiste |
Qualité première/qualité seconde |
Réductionnisme matérialiste = la réalité comme totalité organisée rationnellement selon cause et effet. Descriptible en langage mathématique. |
Matér -ialisme émergentiste |
Dualisme matière/esprit |
Plurali -sme |
Pluralisme avec monisme comme hypothèse qui constitue la limite idéale de l'enquête |
|
Culture
Universel/ relatif |
Rela - tivisme.
|
Loi univer selle: Recher- che de l'utilité comme plaisir. |
Universalisme naturaliste |
|
|
Évolutionnisme de la nature et historicisme des cultures |
||
Culture
Fait (ce qui est)/ norme (ce qui doit être. Capacité à poser des fins morales) |
Continuité nature et culture |
Continuité besoins et désir. |
|
Emerge de la nature |
Transcendance de l'esprit humain donc de la culture |
Continuité entre nature et culture. |
||
Société |
Situation de guerre civile |
Produit des intérêts individuels. Contrats économi ques |
|
Marqué par un conflit entre groupes sociaux. |
Communauté de valeurs |
Expression de l'individualité a pour condition les relations sociales. |
||
Politique - Etat |
Licence: recherche plaisir immédiat. Pas de régulation rationnel le. Conduit de l'anarchie à la tyrannie |
Libéra -lisme utilitariste - Politique fondé sur contrat entre individus en vu de préserver des intérêts indivi -duels |
Ex: Anar -chisme de Kropotkine |
Ex: Socialisme marxiste |
Républicanisme: Etat comme intelligence rationnel -le. . |
Nationalisme: politique fondé sur com -munauté spirituel -le irratio -nnelle |
Aristocratisme, elitisme: Recher -che d'une affirmation vitale comme base de la politique. |
Démo -cratie radicale: utilité vitale indivi-duelle, discus-sion ration -nelle collective, expérim -entation pratique.
|
Morale |
Hédon -isme: recherche du plaisir immédiat |
Utilita -risme: calacul rationnel des plaisirs et des peines |
Ethique naturaliste: morale tirée de la nature. |
Morale réduite à une idéo -logie propre à un groupe social. |
Morale déontologique: issue de la raison pratique ex: Kant |
Conscience morale comme expres- sion d'une transcendance spirituel -le |
Morale comme illusion. Ethique comme esthétique. Affirmation de sa puis- sance |
Morale comme habitudes sociales issues de la pratique. Ethique comme recherche de l'expérience la plus riche. |
Liberté:
|
Sensualisme |
Utilitarisme (sens + raison) |
Matérialisme rationaliste |
Idéalisme rationaliste |
Pragmatisme |
Liberté au niveau de l'acte individuel |
Faire tout ce qui nous fait plaisir. Ne pas être empêché. Ne pas subir de cont -rainte ex -térieure |
Ma liberté s'arrête là où com- mence celle des autres. |
Connaissance rationnelle des causes qui nous déterminent. Faire ce que l'on peut. |
Action de la volonté conforme à la raison pratique. |
Distinction entre des degrés apparents de contrainte. |
Tableau annexe 1:
Structures des positions philosophiques:
Le tableau ci-dessous essaie d'analyser différentes positions philosophiques en en faisant apparaître les élements de base qui lorsqu'ils sont combinés constituent cette position.
Source de la connaissance: |
Sensibilité- Intuition sensible |
Esprit- Intuition intellectuelle |
Force vitale |
Rationalité |
||||
|
|
|
Rationa -lité |
Intuition sensible |
|
|||
|
Matière |
Esprit |
Esprit |
Matière |
Phénomènes |
|
||
|
Rationalité |
|
Action |
Expérimentation |
Matière |
|||
|
Réel |
|||||||
|
Matéria -lisme Sensua -liste |
Em-pirisme
|
Idéalis -me Intuitif |
Idéalis me rationaliste |
Pragmat-isme relati- viste |
Pragma- tisme réaliste |
Matérialisme rationaliste |
-
Le matérialisme sensualiste: Il consiste à partir de l'intuition sensible. La rationalité est le produit de la receptivité à travers les sens d'une rationalité immanente à la matière.
-
L'empirisme: La connaissance apparaît comme la combinaison entre des perceptions de sensation (externes) et des perceptions de réflexion provenant de l'esprit humain. Néanmoins Berkeley a montré que cette position peut conduire à un idéalisme absolu dans la mesure où les premières et les secondes ne se distinguent pas par leur nature: « rien ne ressemble plus à une idée qu'une autre idée ».
-
L'idéalisme rationaliste: part de l'esprit et de l'intuition intellectuelle qui fonde la connaissance rationnelle. La rationalité provient de l'esprit. A l'esprit capable de rationalité est opposé un corps matériel et sensible marqué par le besoin. La connaissance doit être détachée de l'intéret qui est tourné vers la satisfaction des besoins du corps et non la connaissance du réel.
-
Le pragmatisme: Face à la passivité de la sensibilité qui caractérise le sensualisme, le vitalisme et le pragmatisme introduisent un principe de spontanéité à partir duquel se construit la perception sensible.
-
Le matérialisme rationaliste: la connaissance s'appuie sur un principe immanent de rationalité en l'être humain qui est identique à la rationalité de la totalité matérielle ou naturelle dont il est une partie. L'erreur provient alors d'une connaissance qui s'appuie non sur le raisonnement, mais sur l'immédiateté de l'intuition sensible ou de la conscience.
Écrire commentaire