Rapports sociaux de sexe dans les nouvelles technologies

 

 

L'introduction de la culture numérique à l'école, avec entre autre la formation au codage, renforce la place au sein des disciplines scolaires des matières à base logico-mathématiques. On sait que les filles réussissent moins bien en mathématiques et tendent à manquer de confiance en elles dans ce type de discipline. De manière générale, en outre, les disciplines à dominante technologique correspondent à l'éducation sexuée de genre masculine.

 

Hasard du calendrier, mais c'est en même temps que le Ministre Benoit Hamon annonce l'abandon du programme de l'ABC de l'égalité et l'introduction de l'enseignement du code à l'école. Or les professions de l'informatique sont justement parmi les plus genrées.

 

Les femmes sont sous représentées dans les métiers d'ingénieur. La spécialité ingénieur en informatique est encore moins choisie par les femmes qui préfèrent l'agronomie ou la chimie.

 

Or il est possible que cet état de fait renvoie aux effets combinés de l'image sociale de l'informatique et de l'éducation de genre.

 

Sur le plan de l'image sociale, l'informaticien, c'est le « nerd », le garçon, fort en math, plus passionné par son ordinateur que par les relations humaines.

 

L'informatique s'associe à l'image d'un individu qui est à la fois capable de réparer « sa bécane » aussi bien que de programmer, de « bidouiller ». Ainsi, l'informaticien apparaît comme une sorte de technicien ou de version sophistiquée du mécanicien.

 

Ainsi, les rôles sociaux de genre et l'éducation sexuée de genre tendent à réserver aux femmes les relations sociales et aux hommes la maîtrise de machines.

 

Dans le système éducatif tel qu'il existe actuellement, les filles sont sous représentées dans les filière scientifiques, ainsi que les fillières techniques et professionnelles liées à l'industrie

 

La place économique et sociale que prend aujourd'hui l'informatique et les nouvelles technologies du numérique se traduit par la volonté institutionnelle de faire entrer ces enseignements au sein de l'Education nationale.

 

Or tout comme la domination des mathématiques et des sciences favorisent la reproduction de l'inégalité sociale en faveur des hommes, il est fort à supposer que l'introduction de l'enseignement des sciences de l'informatique à l'école renforce la position sociale de filières où les garçons sont surprésentés.

 

On peut ainsi se demander si la place qu'occupe les nouvelles technologies dans l'économie n'est pas le reflet d'une économie où l'innovation et les orientations stratégiques sont développées en fonction des compétences et des centres d'intérêts masculins.

 

Conclusion :

L'enjeu d'une éducation au numérique pourrait être sans doute d'éviter une reproduction des inégalités de sexe dans la maîtrise des compétences informatiques. Mais du fait de la socialisation de genre, il n'est pas improbable que l'introduction de ces nouvelles disciplines contribuent à mettre davantage en difficulté les filles au sein du système scolaire dans la mesure où ce sont des pratiques qui ne correspondent pas à ce que la société valorise dans l'éducation des filles.

 

Référence :

 

Isabelle COLLET, « Effet de genre : le paradoxe des études d’informatique »,tic&société [En ligne], Vol. 5, n° 1 | 2011, mis en ligne le 03 octobre 2011, consulté le 03 août 2014 URL : http://ticetsociete.revues.org/95

 

 

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