De quelques options pédagogiques

Le texte ci-dessous est consacré à discuter certaines options pédagogiques.

 

De la “mise au travail”

 

Deux discours opposés dominent aujourd’hui le débat public sur le climat de classe. Certains considèrent comme une condition de possibilité d’un travail serein en classe l’autorité de l’enseignant et sa capacité à mettre en place une discipline avec des règles et des sanctions.

 

A l’opposé de ce discours, d’autres se centrent sur le bien-être psychologique des élèves. C’est parce que les élèves seraient dans une situation de mal-être que le climat de classe est dégradé. Il s’agirait d’être plus soucieux d’instaurer un bien-être psychologique des élèves.


Il me semble que le levier principal des enseignants ne réside dans aucune de ces deux options. Un enseignant est avant tout là pour mettre les élèves en situation de travail. C’est là une option pédagogique fortement affirmée par Celestin Freinet.

 

Pour que cette mise au travail se passe bien, elle doit respecter certaines règles. L’enseignant doit partir du présupposé que tout élève désire face à la tâche qui lui est demandé être en situation de réussite et non d’échec. Il doit donc lui proposer un contrat didactique clair qui instaure une confiance entre l’enseignant et l’élève. Ce contrat doit assurer à l’élève que s’il travaille, il ne peut pas avoir en dessous de la moyenne. S’il remplit sa part du contrat, il n’y a pas de piège. C’est d’ailleurs ce que recommande les travaux d’André Antibi sur la constante macabre.

 

De la libre expression

 

Les travaux scientifiques montrent que les élèves apprécient les enseignants ouvèrent à la discussion. Il s’agit là encore d’un principe présent dans la pédagogie Freinet. L’enseignant doit s’efforcer de prendre le temps de donner aux élèves la possibilité de s’exprimer à l’oral sur les sujets qui font sens pour eux. C’est l’expression libre.

 

Cela suppose que les enseignants doivent avoir une grande exigence personnelle vis-à-vis d’eux-même. Il s’agit d’être en capacité d’aider les élèves à aller plus loin dans leur réflexion sur les sujets qu’ils désirent aborder, quelque soit le sujet. Il est donc nécessaire que l’enseignant possède une trés bonne culture générale pluridisciplinaire.

 

Il doit également encourager les élèves à choisir lorsque cela est possible le type de sujet sur lesquels ils désirent travailler à l’oral ou à l’écrit.

 

Du par coeur et de la mémorisation

 

Nombre d’enseignants confondent mémorisation et apprentissage par coeur.


Mémorisation et compréhension ne peuvent et ne doivent pas être dissociés. C’est avant tout un travail sur la compréhension par les élèves de l’information qui doit permettre l’apprentissage de l’information. Il s’agit donc d’un apprentissage qui s’appuie sur la mémoire sémantique.

 

Certes toutes les informations à mémoriser ne reposent pas que sur la mémoire sémantique. Par exemple, il peut s’agir également de stocker des informations lexicales. Mais celles-ci sont d’autant mieux mémorisées lorsqu’elle sont reliées à un fort réseau sémantique lorsque cela est possible.

 

Des attentes élevées

 

L’enseignant doit avoir des attentes élevées tout d’abord vis à vis de lui même. Cela concerne la culture générale ou des connaissances disciplinaires actualisée. Mais cela ne se limite pas à ces points. Il doit être soucieux de donner du sens à son enseignement, d’en dégager les enjeux.

 

Mais être un enseignant, c’est également viser une exemplarité. Il ne s’agit pas de s’ériger en modèle, mais simplement de donner un exemple d’existence possible. Cela consiste à dégager, par ses actions et ses paroles, des convictions et une cohérence humaine. En un mot, il s’agit d’être une personnalité.

 

L’enseignant doit également avoir des attentes élevées vis-à-vis de son enseignement. Cela ne passe pas par une notation élitiste. Il s’agit de mettre en place un enseignement soucieux de faire progresser tous les élèves. Mais il s’agit également de les ouvrir sur les perspectives intellectuelles les plus élevées: la culture générale (en encourageant la lecture), l’esprit critique, la capacité à prendre position, l’originalité de la pensée…

 

Ces attentes doivent être offertes à tous quelque soit son futur professionnel qu’il soit tourné vers des professions manuelles ou intellectuelles. En effet, une démocratie authentique suppose de former des citoyens informés, capables d’esprit critique et de défendre des convictions.

 

De la recherche d’explications

 

L’enseignant ne doit pas se contenter de phrases toutes faîtes qui masque la recherche des explications circonstanciées des difficultés des élèves. Bien souvent, il arrive que l’on se contente d’affirmer qu’un élève, souvent un garçon; est “paresseux” ou d’affirmer, souvent pour une fille, qu’elle “s’écoute beaucoup” pour expliquer ses nombreuses absences…. Il est nécessaire de bannir se prêt à penser et d’essayer d’entamer un dialogue avec l’élève afin d’écouter la manière dont il formule ses difficultés ou d’interpréter au-delà de ses paroles le sens de ces difficultés.

 

De la remise en question et de l’expérimentation

 

Enfin, l’enseignant doit solliciter une rétroaction collective et individuelle des élèves sur leurs difficultés de manière à remettre en question régulièrement son travail et essayer de l’améliorer. Cela suppose que l’enseignant se considère comme un praticien-chercheur toujours à la recherche de connaissances nouvelles en sciences de l’éducation, à l'affût d’autres expériences pédagogiques. Il doit avoir en mémoire une grande richesse de ressources pour pouvoir proposer des solutions, les plus diversifiés possibles, aux élèves concernant leurs difficultés.

 


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