Une approche décoloniale de l’histoire juive et musulmane

 

La pensée décoloniale a produit une théorie du racisme. Pourtant, dans cette histoire du racisme, les juifs, les musulmans, mais également les tziganes sont absents. C’est à cette lacune que nous souhaitons remédier.

 

1. La politique de pureté du sang

 

On appelle politique de la “pureté du sang” (limpieza del sangre ou limpeza do sangue) une politique discriminatoire qui a été menée dans la péninsule ibérique durant l'Epoque moderne.

 

Les juifs de la péninsule ibérique afin d’échapper aux persécutions se convertirent en masse au christianisme au moment de la “Reconquête”. Au Portugal, les musulmans également se convertissent plutôt que de quitter le pays. Mais ce faisant, en se convertissant les “nouveaux chrétiens” bénéficiaient des mêmes droits que les anciens chrétiens.

 

Afin de maintenir les privilèges des anciens chrétiens fut établi à partir du XVe un statut de pureté du sang. Ce statut régissait les règles pour parvenir à des postes les plus importants de la société. Il fallait pour cela établir un arbre généalogique prouvant sur plusieurs générations l’absence d’autres religions à savoir juives et musulmanes.

 

Les convertis dans le Royaume espagnol n’avaient pas le droit d’immigrer vers les colonies de l’Empire. Osvaldo Francisco Allione dans un article critique le penseur décolonial Anibal Quijano (1). Il lui reproche de faire comme si le concept de race surgissait ex-nihilo dans l’Empire colonial. Or explique Allione il trouverait ses sources dans la politique de pureté du sang.

 

Cela dit cette hypothèse reste difficilement vérifiable dans le contexte de l’empire Espagnol vu que les nouveaux convertis n’avaient pas le droit d’y immigrer. Cependant, tel n’est pas le cas de l’Empire Portugais.

 

2. Politique de la pureté du sang et politique raciale au Brésil

 

Les autorités portugaises n’empêchèrent pas systématiquement l’immigration des convertis vers le Brésil. Elle y envoyèrent également des membres d’un autre groupe dont elles voulaient se débarrasser, les tziganes.

 

Outre les convertis, un autre groupe avait des liens avec la religion musulmane, à savoir les berbères, appelés aussi "esclaves blancs". Car même si le Brésil privilégia l’esclavage des noirs, l’Empire portugais eu aussi parfois recours à des esclaves berbères.

 

Ce faisant fasse à ces groupes, il s’agissait de pouvoir établir là encore un système de privilèges qui favorise les anciens chrétiens blancs. Pour cela, on eu recours à l’utilisation de la généalogie en recherchant sur trois générations avant la migration (2).

 

Ces recherches sur la pureté de la race ne s’appliquent pas seulement dans l’Empire portugais aux juifs et aux musulmans convertis, mais également aux noirs, aux indiens et aux tziganes (3).

 

Conclusion:

 

Cet aspect de l’histoire coloniale ibérique montre qu’au moment de la constitution du système racial dans les Amériques, les situations des juifs et des musulmans sont profondément liés.

 

En outre, que la question de la couleur de la peau pour déterminer les catégories raciales doit être relativisée. Les juifs convertis et les esclaves berbères par exemple ne se distinguent guère sur le plan du phénotype des portugais. C'est ce qui explique le recours à l’arbre généalogique.

 

Références:

 

1) Osvaldo Francisco Allione,Los estatuos de limpieza de sangre y el patron colonial de poder. URL: http://www.idaes.edu.ar/pdf_papeles/27.%20Los%20Estatutos%20de%20limpieza%20de%20sangre%20y%20el%20patr%C3%B3n%20de%20poder%20colonial%20Trabajo%20Final.pdf

 

2) De Figueira Rego, “Os Estatuos de limpeza de sangue nos espaços de expressao iberica”, Thèse université du Minho (Portugal), 2009 p.558 (https://repositorium.sdum.uminho.pt/bitstream/1822/9820/1/tese.pdf )

 

3) Grayce Mayre Bomfin Souza, Uma trajectoria racista: o ideal de pureza de sangue na sociedade iberica e na america portuguesa. (2008) URL: http://periodicos.uesb.br/index.php/politeia/article/viewFile/270/303