Les micro-oppressions et les pathologies du social

 

 

L'anti-oppression peut-être analysé à travers une philosophie des pathologie du social dans la société capitaliste.

 

Les oppressions constituent un ensemble de violences qui ont une origine dans l'organisation systémique de la société. Ces violences s'expriment à travers un ensemble de micro-interactions qui conduisent à des pathologies du social.

 

La harcèlement au travail ou à l'école constituent un paradigme pour penser ces micro-violences. Prises isolément, elles semblent anodines. Mais c'est leur répétition qui provoquent les pathologies individuelles : dépression, voire suicide. Ces micro-violences ne sont pas qu'un problème individuel. Elles sont l'effet d'une organisation structurelle de la société. L'ampleur pris par les risques psycho-sociaux au travail est la marque du caractère structurel de ces pathologies du sociale.

 

Mais ces pathologies ne sont pas que l'effet de l'organisation du système capitaliste. D'autres rapports sociaux peuvent engendrer des pathologies du social. C'est le cas par exemple du harcèlement scolaire dont sont victimes des élèves LGBTI.

 

 

Les formes de la pathologie sociale :

 

Il est possible de distinguer plusieurs formes de cette psychologie des oppressions sociales :

 

- Le mépris de classe : Il s'agit d'une forme d'oppression liée à la classe sociale. Cette forme d'oppression se trouve en particulier dans les relations entre les classes sociales dominantes et les classes populaires en marquant sous la forme d'un sentiment la distance de classe.

 

- L'invisibilisation : Elle consiste à faire comme si l'autre n'existait pas, à nier la présence d'un groupe dans le discours ou les représentations publiques. Un groupe se trouve alors privé de reconnaissance sociale.

 

- Le harcèlement au travail, le burn out…(les risques psycho-sociaux) : apparaissent comme des pathologies liées à l'intensification des oppressions capitalistes sur le psychisme des salariés.

 

- Le harcèlement scolaire : peut apparaître comme une pathologie du social dans la mesure où il touche de manière plus privilégié les élèves en situation de handicap ou les élèves LGBT.

 

- La phobie scolaire : Elle constitue une pathologie sociale dans la mesure où plutôt que l'émancipation de la personne, l'école se propose avant tout son adaptation au système concurrentiel.

 

- Le harcèlement sexuel, ou encore le harcèlement de rue: Constitue la répétition de micro-violences sexistes qui peuvent avoir une incidence psychologique sur la victime.

 

La résistance aux micro-violences :

 

- La conscientisation : la formation vise à faire prendre conscience aux privilégiés que leur attitude (propos, actes ou même parfois omissions...) provoque des micro-violences (ex : management par le stress, propos sexistes, LGBTI-phobes…)

 

- Construire des coalitions : Une coalition est constituée par un groupe de personnes qui luttent de manière intersectionnelle pour obtenir des revendications qui améliore la situation des différentes personnes qui la constitue. Cela peut consister à mener des luttes pour des environnements de travail plus « secure ».

 

- Un environnement « secure » : Le dispositif de travail peuvent favoriser les oppressions ou être porteurs d'oppressions: manque d'accessibilité des locaux aux personnes en situation de handicap, affichages sexistes, des dispositifs de travail qui ne nuisent pas à la santé psychique et physique des salarié-e-s …

 

Références :

 

Déjours Christophe, « Coopération et construction de l'identité en situation de travail » (1993). URL : http://1libertaire.free.fr/Dejours19.html

 

Guide pour des espaces inclusifs LGBT en milieu scolaire -

http://www.edu.gov.mb.ca/m12/ecole_sure/monagh/docs/document_complet.pdf

 

Fanon Frantz , Peau noire, masques blancs (1952).

 

Frazer Nancy, Qu'est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et Redistribution, 2011.

 

Honneth Axel, La société du mépris, Paris, La Découverte (2006).

 

Lemoine Simon, Les micro-violences : le régime du pouvoir au quotidien, CNRS, 2017.

 

Voirol Olivier, « Les luttes pour la visibilité. Esquisse d'une problématique », Réseaux, 2005/1 (n° 129-130), p. 89-121. URL : http://www.cairn.info/revue-reseaux1-2005-1-page-89.htm

Renault Emmanuel, « Reconnaissance et travail », Travailler, 2007/2 (n° 18), p. 119-135. URL : http://www.cairn.info/revue-travailler-2007-2-page-119.htm