Tués par la police: deux traitements différenciés

 

 

Le cas d’un père de famille chinois et d’un franco-portugais

 

Comparaison entre deux situations de violence policière ayant eu lieu à peu de mois d’intervalles: la mort d’un père de famille chinois et la mort d’un franco-portugais.

 

Des circonstances assez semblables

 

Les deux faits ont lieu à peu de mois de distance et présentent des similarités factuelles.

 

Shaoyao Lui est un père de famille résidant à Paris dans le XIXe. Les policiers interviennent suite à un appel du voisinage lié à un différend familial. Selon, la version de la police, l’usage d’une arme à feu aurait été justifié par le fait que le père de famille s’est précipité sur les policiers avec une paire de ciseaux. La presse évoque les antécédents psychiatrique de ce résident d’origine chinoise.

 

Luis Bico est un franco-portugais. Les policiers interviennent suite à un appel téléphonique précisant que l’homme a exhibé un couteau. Alors que l’homme tente de s’enfuire en voiture, les policiers lui tire dessus. La presse par la suite précise que l’homme décédé souffrait de troubles psychiatriques.

 

Des réactions très différenciées

 

Si les circonstances sont semblables, elles n’entraînent pas les mêmes réactions.

 

A Belleville, le décès du père de famille intervient après des mobilisations des personnes issues de la communauté chinoise liée à des agressions en lien avec des crimes crapuleux contre des personnes d’origine chinoise en septembre 2017. La mort du père de famille chinoise donne lieu à des manifestations suivies d’interpellations policières.

 

En ce qui concerne le décès du Franco-portugais, le consulat de Portugal demande des explications aux autorités françaises sur les circonstances de la mort de l’homme. La presse met ensuite en avant le recueillement religieux qui caractérise la réaction de la communauté portugaise à l’issue de ces évènements. La presse insiste sur la présence lors des obsèques religieux de la “communauté portugaise” et du consul.

 

Conclusion:

 

Dans le cas de la mort du père de famille chinois, l’évènement a été fortement médiatisé en particulier en lien avec la réaction paraissant inhabituelle de la part de l’immigration asiatique en France face aux violences policières.

A l’inverse, la mort dans des circonstances semblables d’un franco-portugais ne donne lieu qu’à une très faible médiatisation en lien avec la discrétion de la réaction de la communauté portugaise locale face à ce décès.

Situation de médiatisation qui contrastera quelques semaines plus tard avec celle autour de l’affaire de la disparition de la petite franco-portugaise Maelys. Si la presse française ne fait guère étalage des origines portugaise de la petite fille, la presse portugaise les mets bien plus en avant dans son traitement de l’affaire.

 

 

Articles de presse:

 

A Paris, manifestation massive de la communauté chinoise contre le « racisme envers les Asiatiques » septembre 2017

,http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/09/04/manifestation-a-paris-de-la-communaute-chinoise-contre-le-racisme-envers-les-asiatiques_4992321_3224.html

 

Mort d’un Chinois à Paris: Trente-cinq personnes arrêtées après un rassemblement, mars 2017

http://www.20minutes.fr/paris/2038575-20170328-pres-150-personnes-manifestent-apres-mort-homme-tue-policier

 

Loiret : le Portugal veut des explications après la mort du Franco-Portugais tué par la police, aout 2017

http://www.lci.fr/faits-divers/loiret-un-franco-portugais-tue-par-la-police-le-portugal-veut-des-explications-2062562.html

 

Obsèques de Luis, abattu par la police : le recueillement avant tout , aout 2017 http://www.larep.fr/chalette-sur-loing/faits-divers/2017/08/26/obseques-de-luis-abattu-par-la-police-le-recueillement-avant-tout_12527439.html

 

"L'humour anti-asiatique fait l'objet d'une sorte d'amenésie, pourquoi ?" (2017). URL: 

http://www.slate.fr/story/149901/pourquoi-est-totalement-lest

Citation:

Ce qui est intéressant à observer, c’est que les yeux bridés, la peau jaune, ce n’est pas un stigmate, c’est une différence en tant que telle. Un stigmate, c’est articulé autour d’un statut social: l’ouvrier algérien, la concierge portugaise. Ici, on a le sentiment que la pluralité sociologique de l’immigration asiatique (des médecins, des ouvriers, des restaurateurs…) renvoie la représentation aux fondamentaux, aux stigmates des origines. C’est pour ça que le sketch paraît vieillot.