Lexique éthique enseignante

 

Advocacy: Ce terme désigne le rôle éthique que peuvent avoir certaine-s professionnelles à défendre une personne en situation de très grande vulnérabilité quand celle-ci ne peut pas le faire elle-même. 

 

Agir éthique/décision éthique: Certains travaux sont centrés sur la décision éthique individuelle ou collective (avec par exemple l'élaboration de grille de décision éthique), alors que d'autres travaux s'interessent à l'agir éthique qui est la manière de se comporter éthiquement dans une situation donnée. 

 

Alerte éthique:  Ce terme s'applique aux lanceurs d'alerte qui dénoncent des comportements illégaux qui sont des crimes ou des délits, de manière général des comportements contraires à l'intérêt général.

 

Amoralisme: Absence de sensibilité éthique.  Le sujet n'arrive pas à percevoir que la situation pose un problème éthique. 

 

Banalité du mal:  Terme utilisé par Hannah Arendt dans son ouvrage Eishman à Jérusalem, il est repris par Christophe Dejours dans son ouvrage  Souffrance en France. L'objectif est d'expliquer comment des individus qui ont conscience que ce qui font est mal, le font tout de même.

 

Care (éthique de la sollicitude): Cette notion a été développée par C. Gilligan pour mettre en lumière une forme de comportement éthique tournée vers le souci d'autrui, l'empathie, le soin. 

 

Cas pratique:  C'est une situation concrète à laquelle à faire face un professionnel dans le cadre de son activité.  Certains auteurs distinguent le cas pratique apprivoisée (qui est un cas pratique simplifié à des fins didactiques) et le cas pratique sauvage qui est un cas pratique complexe qui correspond à une situation réelle. 

 

Conscience morale:  La conscience morale désigne des principes intérieurs à l'individu. Il y a de nombreux débats philosophiques sur l'origine de la conscience morale: Dieu, la nature, la raison, la société... 

 

Conséquentialisme:  Un des deux principaux courants  en éthique. Il se traduit par la prise en compte des conséquences de l'action dans l'évaluation de la moralité de l'action. 

 

Conflit de valeurs au travail: Le rapport Gollac (2011) reprend la thèse que la souffrance au travail peut naître d’un conflit éthique, mais en élargissant la perspective : « Les conflits de valeurs au travail peuvent prendre la forme d’un conflit éthique, mais il existe d’autres formes de conflits de valeurs. (…) Les conflits de valeur au travail incluent tous les conflits portant sur des choses auxquelles les travailleurs attribuent de la valeur : conflits éthiques, qualité empêchée, sentiment d’inutilité du travail, atteinte à l’image du métier »

 

Courage moral: C'est le fait d'oser dire qu'une situation pose un problème éthique, voir qu'il y a une atteinte aux valeurs éthiques. La dissidence éthique est le fait d'être capable de faire entendre une voix éthique dissidente face à un groupe qui a un point de vue différent. 

 

Créativité éthique:  Même s'il existe des méthodologie de décision éthique qui ont été développés par des chercheurs, la singularité des cas qui sont traités en éthique fait qu'il est nécessaire de développer la compétence à la créativité éthique. Cela signifie la capacité à créer des solutions éthiques originales face à un cas singulier. 

 

Délation/dénonciation: La délation consiste à dénoncer un comportement par intérêt personnel et pour nuire à une personne. La dénonciation consiste à dénoncer un comportement injuste contraire à l'intérêt général ou mettant en danger une personne vulnérable. 

 

Déontologie professionnelle ou éthique de la profession: il s'agit d'un ensemble de règles contenues dans les textes institutionnels et qui sont propres à une profession. Dans le cas des enseignants, en particulier, il s'agit de la loi de déontologie de la fonction publique (2016) ou encore du référentiel de compétence des enseignants.  La déontologie de l'enseignant implique la lutte contre les discriminations et la lutte contre les inégalités sociales. 

 

Déontologisme: Un de s deux principaux courants en éthique. Il met en avant la valeur absolue de la dignité de la personne humaine. Il s'inscrit dans la lignée du philosophe Kant. 

 

Désobéissance éthique (Alain Refalo) : "Nous qualifierons ainsi la désobéissance éthique comme l’action de résistance, personnelle ou collective, de salariés ou de citoyens, qui s’opposent à des lois, des règlements, mais aussi à des injonctions et des normes imposées, au nom de leur éthique professionnelle et citoyenne." (Qu'entend-t-on  par désobéissance éthique ?)

 

Détresse morale:  Andrew Jameton, dans Nursing Practice: The Ethical Issues (1984), est conduit à mettre en lumière la dimension morale présente dans la souffrance psychique qu’éprouve les infirmières dans le cadre de leur travail. Il met en lumière la notion de « détresse morale » : « « La détresse morale apparaît quand on connaît la bonne action à poser ou la bonne chose à faire, mais que des obstacles, contraintes institutionnelles ou organisationnelles empêchent d’agir en ce sens ». L’intérêt de la définition de Jameton est d’articuler une dimension morale, liée à l’éthique professionnelle, avec un empêchement à agir, qui lui trouve sa source dans l’organisation du travail ou le fonctionnement de l’institution

 

Dilemme éthique: C'est une situation dans laquelle le professionnel se trouve pris entre deux choix contradictoires qui ont leurs avantages et leurs inconvénients. 

 

Dignité de la personne humaine:  La valeur universaliste prise par l'idée de dignité de la personne humaine est assez récente. On la trouve dans la déclaration d'abolition de l'esclavage de 1848, dans la Déclaration universelle des droits humains de 1948, mais également dans les textes régissant la bioéthique. 

 

Domination de la raison instrumentale (Ecole de Francfort): Pour les philosophes de l'école de Francfort, la modernité capitaliste et étatique est traversée par une domination de la logique instrumentale visant la recherche d'efficacité prévalant sur toute autre considération. Cette logique tend à coloniser l'ensemble des sphères d'existence. Elle peut aboutir à des pratiques immorales niant la valeur de la personne humaine. 

 

Economies morales (Tompson): La notion d'économie morale introduit une dimension morale dans l'analyse marxiste des luttes sociales. Pour Tompson, les déterminants socio-économiques ne suffisent pas à expliquer les luttes sociales. Ils en sont la condition sine qua non, mais non suffisante. Les groupes populaires se sont également mobilisés dans l'histoire pour faire valoir des atteintes à leurs économies morales, cad aux valeurs et aux normes qui structurent leurs collectifs. 

 

Engagement moral dans le travail:  L'engagement du travailleur dans son emploi n'est pas seulement motivé par le salaire ou la rémunération. L'engagement au travail peut également impliqué des valeurs comme des convictions concernant le sens et la valeurs des missions effectuées. C'est le cas par exemple dans les professions du care. 

 

Equité:  C'est la capacité à agir en adaptant la règle générale au cas particulier. Le plus souvent l'équité concerne des questions de proportions relativement à une règle d'égalité stricte. 

 

Ethique de l'allié-e: Désigne les règles éthique pour être un ou une allié-e c'est à dire une personne qui sans être touchée directement par une oppression souhaite aider les personnes concernées à lutter contre cette oppression. 

 

Ethique générale: L'éthique générale s’intéresse aux différents courants qui s'opposent en philosophie éthique. On distingue principalement deux courants: le déontologisme (qui s'appuie sur le respect absolu de la personne humaine) et le conséquentialisme (qui s'appuie en particulier sur la recherche d'efficacité). 

 

Ethique de la critique: L'éthique de la critique se situe dans la continuité de l'Ecole de Francfort. Dans le domaine de l'enseignement, elle s'appuie sur l'approche de Paulo Freire. Elle vise à dénoncer les rapports sociaux de pouvoir.

 

Ethique de la discussion (Habermas): L'éthique de la discussion est orientée vers la recherche du consensus à travers des pratiques de délibérations collectives. 

 

Ethique professionnelle: Il s'agit d'un domaine de la philosophie qui s’intéresse aux décisions et aux actions que doit effectuer un ou une professionnelle sous l'angle d'une interrogation axiologique.  L'éthique professionnelle se situe généralement dans le cadre de la déontologie professionnelle. Mais il arrive qu'elle ait à traiter des problèmes de conflits entre la conscience morale et la déontologie professionnelle. 

 

Ethique relationnelle: Courant de l'éthique enseignante développée par Christophe Marsollier.  Elle est centrée sur la notion de "bienveillance". 

 

Ethique des vertus: Courant de l'éthique qui se distingue du conséquentialisme et de déontologisme. L'éthique des vertus va plutôt s’intéresser à développer la capacité d'un agent à agir selon son éthique dans des circonstances données.  

 

Harcèlement institutionnel: Il s'agit d'une situation dans laquelle le fonctionnement de l'institution  - type de management, organisation du travail... conduit à de la souffrance au travail et à générer des risques psycho-sociaux.

 

Hiérarchisation des valeurs: Pour certains auteurs, les dilemmes éthiques naissent du fait qu'il y a plusieurs valeurs en contradiction. La décision éthique implique donc la capacité à établir une hiérarchie entre des valeurs contradictoires.  

 

Idéal au travail (Dujardier):  Même si les travailleurs/ses ne réalisent pas l'idéal normatif propre à une éthique, ils peuvent avoir intérioriser cet idéal et souffrir d'un trop grand écart entre cet idéal éthique et la réalité de leur pratique d'enseignement. 

 

Immoralisme: Attitude du sujet qui va contre la moralité par exemple en faisant passer des considérations économiques ou technique avant le respect de la personne humaine. 

 

Incertitude éthique: Etat dans lequel se trouve le sujet lorsqu'il ne sait pas exactement quel principe éthique appliquer. 

 

Incident critique éthique:  Situation dans laquelle un ou une actrice est amené à agir contre ses propres valeurs éthiques ou contre la déontologie professionnelle. 

 

Justification éthique: Les justifications éthiques peuvent être mises en avant par les travailleurs. Mais elles peuvent être également instrumentalisées pour produire le consentement. Weber définit ainsi la domination comme une relation de pouvoir reposant sur le consentement obtenu par des justifications. 

 

Maltraitance institutionnelle: Cette notion est utilisée lorsqu'une institution de par son organisation conduit à la maltraitance des usagers dont elle doit prendre soin.

 

Poiesis/Praxis: La poiesis renvoie à l'agir technique. Il s'agit de se demander comment bien faire en mettant en avant l'adéquation efficace entre les moyens et les fins. La praxis renvoie à l'agir éthique qui s'interroge sur la manière de bien agir, au sens d'agir avec justice. 

 

Prudence: Il s'agit d'une vertu qui nous permet d'agir de manière éthique dans des cas précis afin de choisir quelle type d'attitude éthique adopter face à un dilemme éthique.

 

Multiplicité des paradigmes éthiques: Courant de recherche dont les principaux auteurs (Starratt, Shapiro, Langlois...) considèrent que la décision éthique fait appel à plusieurs perspectives éthiques: justice, care, critique et profession. 

 

Reconnaissance éthique: Brun et Dugas distinguent quatre formes de la reconnaissance au travail. L'une des formes est la reconnaissance éthique orientée vers la dignité de la personne humaine et la justice sociale (http://cgsst.com/wp-content/uploads/2016/07/Une-pratique-riche-de-sens-Coffret-sur-la-reconnaissance-au-travail.pdf)

 

Réification: Processus par lequel les êtres humains cessent d'être traitées comme des personnes, mais sont traités comme des objets. 

 

Résidu moral: Correspond à une charge qui continue de peser sur la conscience morale face à des situations où la décision éthique a été difficile et insatisfaisante. 

 

Résistance éthique: La résistance éthique désigne une situation où l'éthique professionnelle entre en contradiction avec la déontologie professionnelle. Elle peut conduire à la désobéissance éthique. 

 

Risque éthique:  Certaines situations sont susceptibles d’entraîner un manquement éthique et pose donc la question d'un risque éthique auquel doit faire face le sujet et/ou l'institution.  

 

Sensibilité éthique:  capacité à percevoir qu'une situation pose un problème éthique et à proposer une réponse conforme à l'éthique. 

 

Souffrance éthique:  ce sont les travaux de Christophe Dejours, avec son ouvrage Souffrance en France (1998), qui introduisent la notion de « souffrance éthique » : « la souffrance qui résulte non pas d’un mal subi par le sujet, mais [comme] celle qu’il peut éprouver de commettre, du fait de son travail, des actes qu’il réprouve moralement » .

 

Travail moral:  Il n'est pas demandé aux enseignants seulement d'instruire, mais également d'éduquer. En cela, les enseignants font un "travail moral".  Leur travail a pour objet d'effectuer un effet de socialisation morale. 

 

Vertu: Il s'agit d'une disposition à agir qu'a développé une personne par l'habitude et l'exercice (Aristote).

 

Utilitarisme: Un des principaux courants de l'éthique conséquentialiste. Il est basé sur un calcul d'intérêt visant à l'optimisation du plaisir et à la diminution de la souffrance.