Auto-défense  mentale féministe

 

 

L’auto-défense mentale est une des dimensions de l’auto-défense féministe.

 

Origine de l’intervention féministe

 

L’intervention féministe s’est développée au Quebec. Il s’agit d’une approche qui vise l’empowerment des femmes et qui proposent des ressources pour une auto-défense mentale face aux discours sociaux oppressifs.

 

Elle prend ses sources dans le féminisme, la thérapie radicale, le théâtre de l’opprimé et la pédagogie de la conscientisation de Paulo Freire.

 

La thérapie radicale s’inspire entre autres de deux sources :

 

- L’analyse transactionnelle d’Eric Berne : elle s’appuie en particulier sur le triangle – agresseur, victime, sauveteur.

 

Ce schéma peut-être à la fois pensé comme une modélisation des relations dans une dynamique de groupe ou sociale, ou également comme une dynamique intra-psychique.

 

Au niveau d’une dynamique de groupe ou social, le triangle de Berne vise à développer des dynamique de coopération entre les acteurs/trices. Mais il est également possible de modifier le rôle du sauveteur/trice en le pensant à partir de la figure de l’allié-e.

 

Ainsi s’inspirant de Paulo Freire, la thérapie radicale établie une double équation :

 

Oppression + mystification + isolation = aliénation

 

Conscientisation + coopération + action = libération

 

Au niveau intra-psychique, ce triangle peut-être rapproché du travail d’Augusto Boal sur les flics dans la tête. Il s’agit de déconstruire les injonctions sociales oppressives que le sujet a intériorisé et qui inhibe l’action.

 

En définitif, la thérapie radicale et l’intervention féministe considère que ce n’est pas le sujet – en tant qu’être psychologique qui est le problème -, mais que c’est l’oppression sociale qui est la cause des difficultés psychologiques de la personne.

 

L’intervention féministe comme pratique d’empowerment

 

Il est possible de distinguer plusieurs dimensions dans les groupes de paroles et de conscience dans l’intervention féministe visant le processus d’empowerment des femmes et concernant le rôle de l’animatrice dans ce type de groupe :

 

- - L’écoute empathique : elle s’appuie sur l’approche rogerienne dite centrée sur le personne avec la triade : congruence, empathie, acceptation inconditionnelle… Elle fait appelle en particulier à la reformulation du discours de la personne afin de montrer qu’il y a inter-compréhension.

 

L’écoute est non-jugeante, elle ne vise pas la remise en question de la parole des femmes, mais la validation de leur parole.

 

- - La remise en question des discours sociaux dominants :

 

- Le recadrage : issue de la thérapie systémique, le recadrage consiste à présenter une réalité sous un autre point de vue pour permettre à la personne concernée de pouvoir appréhender la situation d’une autre manière.

 

— La conscientisation comme recadrage : d’une certaine manière, la conscientisation peut être considérée comme une forme particulière de recadrage. En effet, elle vise à proposer une interprétation de la situation non pas en termes de relations inter-individuelles, mais de rapports sociaux.

 

- La remise en question des discours de « doutes et de justifications sociales » : se situant dans la prolongement de l’approche d’A. Boal sur le « flic dans la tête », elle vise à déconstruire les discours qui visent à justifier la domination, à empêcher les femmes d’agir…

 

- L’analyse des jeux de pouvoir : il s’agit d’analyser la manière dont une situation met en œuvre des relations de pouvoir interpersonnels et des rapports sociaux de pouvoirs.

 

- La confrontation ou rétroaction comportementale : elle consiste à mettre en lumière les contradictions dans les discours ou les actions des personnes pour favoriser des dynamiques de changement.

 

- Rétiquetage positif: consiste à renommer positivement et à réévaluer positivement le comportements et les caractéristiques des femmes qui sont interprétées en termes de stratégies positives.

 

- L’empowerment : les relations dans un tel groupe sont égalitaires. De ce fait, l’animatrice n’a pas pour objectif de se poser en experte ou en sauveuse. Son rôle consiste à examiner avec les participantes les différentes options d’action et leurs conséquences. Il s’agit d’analyser les différents scénarios possibles face à une situation.

 

 

Formation en ligne gratuite sur l’intervention féministe :

https://institutdeformation.ca/enrol/index.php?id=31

 

Bibliographie :

 

Bayer, Véronique, et al. « L’intervention féministe : un continuum entre pratiques et connaissances », Nouvelles Questions Féministes, vol. vol. 37, no. 2, 2018, pp. 6-12.

 

Corbeil Janine, Les paramètres d’une théorie féministe de la psychothérapie. URL :

 

Legault Gièle, Le courant de psychiatrie radicale et l’intervention auprès des femmes (une expérience californienne). URL : https://www.erudit.org/fr/revues/smq/1983-v8-n1-smq1208/030161ar.pdf

 

Steiner Claude, Manuel de coopération (Analyse transactionnelle). URL : https://www.alliance-coachs.com/wp-content/uploads/2015/06/steiner-cooperation.pdf

 

Intervention féministe intersectionnelle-

http://rqcalacs.qc.ca/administration/ckeditor/ckfinder/userfiles/files/Boite%20a%20outils%20intersectionnalite/Annexe%20A%20Tableau%20intervention%20feministe%20intersectionnelle.pdf