Lettre aux personnes en bonne santé et non atteintes de maladies chroniques

 

 

 

Avec la pandémie du Coronavirus, c’est la société dans son ensemble qui vit l’expérience subjective de l’angoisse existentielle du risque de maladie et de mort qui lui est lié.

 

C’est peut être le moment de réfléchir à l’angoisse existentielle que vivent les personnes atteintes d’une maladie chronique, potentiellement mortelle, et cela pour certains et certaines jusqu’à la fin de leur jours.

 

Ces personnes sont souvent contraintes de se soumettre à des examens médicaux anxiogènes pour vérifier l’évolution de leur maladie. Il ne s’agit pas comme dans le cas d’une épidémie d’un risque collectif, mais d’un risque individuel avec lequel les personnes doivent vivre au quotidien.

 

La plupart des personnes ne se rendent pas compte de ce que signifie vivre avec ce type de maladie. Pour la plupart des personnes en bonne santé, la maladie est un fait ponctuel et non pas une réalité avec laquelle on doit vivre au quotidien.

 

Actuellement, la pandémie est devenue la névrose obsessionnelle de l’humanité. Tout le monde ne pense qu’à cela, ne parle que de cela. On ne peut pas suivre un média sans tomber sur un article ou un reportage ou autre consacré à ce sujet. Cela apparaît comme tout à fait normal et légitime d’exprimer collectivement ses angoisses...

 

Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, potentiellement mortelle, le plus souvent pour être acceptée socialement, elles ne doivent pas parler de leur maladie.

 

Lorsqu’elles en parlent à des connaissances ou à leurs collègues, elles font rapidement l’expérience d’une expression de gêne. Les gens changent rapidement de sujet. Ils n’aiment pas lorsqu’ils sont en bonne santé être confrontés à l’idée de la maladie et de la mort.

 

Lorsqu’elles parlent de leur situation avec leurs proches, là également il ne faut pas trop aborder le sujet de peur d’apparaître comme trop auto-centrées ou obsessionnelles. On leur dit de faire un effort. On minimise la situation...

 

Alors, les personnes en situation de maladie chronique n’ont d’autres choix que d’éviter le sujet ou de se replier sur elles mêmes car elles ne peuvent pas communiquer leur ressentis aux autres.

 

Maintenant que tout le monde est en train de vivre cette expérience de l’angoisse d’une maladie potentiellement mortelle, quand la pandémie sera terminée – ce que l’on peut espérer – alors peut être il faudra se souvenir que l’angoisse existentielle vécue pendant la pandémie, certaines personnes doivent la vivre au quotidien et en sachant que cette angoisse les accompagne pour le restant de leurs jours...

 

Une fois cette expérience collective dépassée, il faudra aussi sans doute s'interroger véritablement sur ce qu'est une société organisée à partir de la vulnérabilité et non pas de la norme de la performance néolibérale...