Chroniques de la vie militante, intellectuelle et culturelle

par Irène

 

Vu, lu, entendu...

 

25/09/10: Point de vue syndicaliste - Une fermeture mouvementée samedi soir de l'exposition Murakami au Château de Versailles. Une centaine de visiteurs ont provoqué une émeute obligeant les agents à ré-ouvrir les salles de l'exposition après la fermeture. Une cause principale: le manque d'information des visiteurs sur les horaires exacts de fermeture de l'exposition, accentué par le fait que ce soir là les messages vocaux de fermeture n'ont pas été effectués. Un point à améliorer pour la direction du Château de Versailles. 

 

24/09/10: Colloque Critiques de la domination à Paris I. Les actes vont peut-être être publiés aux Presses universitaires de la Sorbonne. A suivre pour ceux que cela intéresserait. 

 

24/09/10: Lu Retour à Reims de Didier Eribon

Dans cet ouvrage, Didier Eribon revient sur son parcours, celui d'un enfant issu des classes populaires - père ouvrier et mère femme de ménage - dans une ville de province durant les années 1950-60. Il y met en parallèle deux conditions qu'il a éprouvées: la honte de classe et celle d'être gay.

L'ouvrage est émouvant lorsqu'il évoque le ressenti de l’adolescent des classes populaires en situation d'acculturation sociale du fait de sa réussite scolaire et de ses aspirations intellectuelles. Les références à Annie Ernaux y sont ici convoquées avec  justesse.

Pourtant, il est possible de regretter un usage peut être un peu trop rigide et déterministe de la sociologie de Pierre Bourdieu. Les dominés ont certes besoin qu'on analyse les conditions de la reproduction sociale, qu'on les libère de la culpabilité de leurs échecs sociaux. Pourtant n'ont-ils pas aussi besoin d'une pensée de l'émancipation, de la remise en question des mécanismes de la reproduction sociale ?

Didier Eribon évoque dans son parcours ce qui l'a conduit de son milieu initial au statut de Professeur d'Université, mais sans en approfondir la théorisation sociologique.

Il effectue dans un passage de son ouvrage une critique de Jacques Rancière, à qui il reproche de mettre en avant la compétence des acteurs sans analyser que les conditions de possibilité de cette compétence varient en fonction des positions sociales.

Il y a certainement une dimension importante de la réalité sociale qui est ici mise en avant par l'auteur. Néanmoins, le risque de refuser ce présupposé de radicale égalité politique entre les individus ne réside-t-il pas dans le fait de reconduire le pouvoir des savants sur les prétendus ignorants ? Ainsi certains peuvent s'ériger en détenteurs de la vérité. Au nom de quoi ? De leur position d'intellectuels ? Mais parmi les intellectuels, parmi tous les prétendus détenteurs de la vérité scientifique, lesquels sont supposés avoir raison ?

Cette position porte en elle le risque de reconduire le geste que Bakounine reprochait à Marx: celui d'une dictature des savants sur le mouvement révolutionnaire. Au contraire, la revendication d'autonomie des ouvriers lors de la Première Internationale, puis dans le mouvement syndical, pose l'affirmation de la capacité des travailleurs exploités à s'émanciper par eux-mêmes.   

 

23/09/10 : Intervention au Congrès Marx international à Nanterre: Irène Pereira, "Nature et relation des systèmes d'oppression". 

Le thème du congrès cette année: "Crise, utopie, révolte". 

Plus d'un millier de chercheurs venus du monde entier.

Malgré la grève, les organisateurs ont décidé de maintenir le congrès après avoir néanmoins appelé à une AG de protestation contre la réforme du système des retraites à 12h au Théâtre de l'Université de Nanterre. 

 

23/09/10:  Grève contre le système des retraites - Des difficultés du syndicalisme...

En ce jour de grève contre la réforme des retraites, comme dans d'autres établissements en France, des salariés du Ministère de la Culture sont en grève. Il est intéressant dans ce contexte     d'analyser les techniques auxquelles peuvent être confrontées les organisations syndicales de la part des directions des établissements.

L'une d'elle consiste à renforcer les plannings de travail le jour où est prévue la grève. Cette technique permet de diminuer la proportion de grévistes par rapport aux non-grévistes et ainsi de maintenir les établissements ouverts. On peut néanmoins s'interroger sur le caractère limite d'une telle pratique. 

Résultats, entre autres: Louvre ouvert, Château de Versailles fermé (mais ouvert aux groupes alors que l'effectif minimum n'est pas atteint), Musée d'Orsay ouvert....

 

22/09/10: Présentation du dernier numéro de la revue Multitudes, "Gouines rouges, viragos vertes", à la librairie Violette and co à Paris.

Présence de Pascale Molinier, Marie-Hélène Bourcier, Anne Querrien...qui font partie des rédactrices de ce numéro entièrement rédigé par des femmes.  

Beaucoup de monde pour cette présentation: au niveau de la mezzanine, dans l'escalier et même dehors !

Peut-être est-il possible de regretter néanmoins le caractère peu "rouge" des interventions des rédactrices du numéro et le peu d'inscription directe de celles-ci dans les mouvements d'action féministes militants actuels. 

 

19/09/10: Exposition Murakami au Château de Versailles

Le château de Versailles accueille depuis le début de la semaine des oeuvres de l'artiste japonais contemporain Takashi Murakami.

On peut ne pas être opposé à l'exposition d'oeuvres contemporaines dans des monuments historiques, mais pour autant s'interroger sur le choix artistique effectué par la présidence du Château de Versailles.

Du point de vue d'une militante syndicaliste au Ministère de la Culture, il est possible de souligner deux points.

Le premier sujet de polémique, déjà relevé par la presse, consiste dans le choix d'artistes dont François Pinault, l'ancien employeur de l'actuel  Président du Château de Versailles, Jean-Jacques Aillagon, est un collectionneur. Cette dimension interroge la question des rapports des décideurs publics à l’intérêt général.  

Le second point réside dans le fait de privilégier, avec Jeff Koons et aujourd'hui Takashi Murakami, une certaine forme d'art international et donc une certaine orientation en matière de politique publique culturelle. Ces deux artistes présentent la particularité de reprendre des symboles de la société de consommation et de la culture des mass médias. Mais ces citations ne se font pas dans le sens d'une subversion critique, mais d'un amusement postmoderne. Il s'agit d'un art qui s'adresse à une élite économique qui joue avec les signes de la société de consommation dont elle est elle-même productrice. Il n'est d'ailleurs pas anodin que Jeff Koons, tout comme Murakami, soient des artistes qui gèrent leur carrière artistique selon les méthodes de l'entreprise capitaliste. 

Il est alors possible de s'imaginer, en creux, quels sont les artistes et les productions de l'art contemporain qui ne font pas l'apologie des signes du capitalisme, mais qui au contraire les interrogent, voire les critiques.

En tant que syndicaliste au Ministère de la Culture, c'est peut être ce type d'art que l'on préférerait voir exposé. 

 

18/09/10: Slow food et documentaire La Terre des hommes rouges, entre autres, au programme du festival Cinémaligre 2010 à Paris.

Cette édition du festival Cinémaligre était consacrée à la thématique de la désobéissance.

Beaucoup de monde ce samedi soir. Il fallait donc s'armer de patience pour pouvoir goûter le repas préparé selon les principes de la slow food. 

Le documentaire La Terre des hommes rouges (2008) présente la situation des indiens Guarani au Brésil. Il a la particularité d'avoir été co-élaboré avec des membres de cette ethnie qui ont pu ainsi faire valoir leur point de vue: chassés de leurs terres, méprisés, exploités...Le drame des Guarani, que présente ce film intense, est aussi celui des vagues de suicide de leurs jeunes, désespérés par le sort qui leur est fait.  

 

17/09/10: Fête organisée par le groupe d'action féministe La Barbe dans le squat Le comptoir général à Paris.

Il fallait s'inscrire à l'avance pour pouvoir assister à cet évènement. Les organisatrices ont inscrit 300 demandes pour un lieu d'une capacité de 200 personnes. Mais on peut regretter en définitif que bon nombre d'inscrit-e-s ne soient pas venu-e-s. La salle était donc en sous capacité. 

Soulignons qu'en revanche la soirée était gratuite.

Au programme: musique, repas gratuit, boissons à des prix raisonnables, projections de films présentant des actions de La Barbe....dans une ambiance mixte. 

 

15/09/10: Vu le film: Miral

Film inspiré de l'enfance et de l'adolescence d'une journaliste d'origine palestinienne travaillant aujourd'hui en Italie. Point de vue subjectif: un film qui se laisse regarder, mais pas inoubliable.

 

11/09/10: Vu le film : Benda Bilili

Un documentaire sur un groupe de musiciens handicapés kényans qui deviennent des stars de la world musique en Europe . Un film émouvant et pourtant joyeux qui donne à voir certains aspects de la misère urbaine dans les grandes villes des pays du Sud. 

En particulier, on peut noter les degrés dans la pauvreté: ainsi l'on voit dans ce documentaire comment les enfants des rues sont les auxiliaires de vie de ces personnes handicapées qui vivent aussi à la rue et qui néanmoins leur fournissent quelques subsides.