Une chronique sur deux évènements culturels de cette fin d’année 2010 sur des thématiques néanmoins différentes.
Inside Job
Documentaire américain de Charles Ferguson
Sortie en France le 17 novembre 2010.
Inside Job fait suite à plusieurs autres documentaires déjà consacrés à la crise des subprimes tels que Capitalism: a love story (2009) de Mickael Moore ou Cleveland contre Wall street (2010) de Jean-Stephane Bron.
Chacun de ces documentaires met l’accent sur un aspect spécifique du mécanisme de la crise des subprimes. Celui de Charles Ferguson, après une contextualisation sur l’évolution de la finance depuis le début des années 1980, nous entraîne dans l’analyse du rôle joué par les banques d’investissement. Celles-ci, non contentes de vendre sur le marché à des fonds de pension des titres qu’elles savaient risqués, se sont en réalité également assurées contre ces risques via un organisme appelé AIG. En effet, elles ne doutaient pas que les titres qu’elles avaient vendu, liés au surendettement de ménages américains non-solvables et à la bulle immobilière, ne manqueraient pas de s’effondrer. Elles ont même poussé l’astuce jusqu’à s’assurer contre la faillite de AIG lorsque les dirigeants de ces banques se sont aperçu que ce dernier ne serait pas en mesure de verser toutes les primes d’assurance quand les titres se seraient effondrés.
Photo, femme, féminisme
Galerie des Bibliothèques (Paris, IVe)
Jusqu’au 13 mars 2011
Cette exposition propose 200 clichés issus de la Bibliothèque Marguerite Durand. C’est par cette dernière que débute l’exposition: fondatrice du premier journal pour femmes entièrement écrit par des femmes - La fronde - à la fin du XIXe, elle est également fondatrice dans les années 1930 de cette bibliothèque consacrée aux femmes et qui porte son nom.
L’exposition se poursuit autour de photographies de femmes célèbres pour leur engagement féministe, leur vie iconoclaste ou leur oeuvre intellectuelle et artistique. Dans ce cadre une place toute particulière est donnée aux femmes photographes. Sont abordées également des thématiques tels que les femmes et le travail ou l’engagement féministe du mouvement des suffragettes au mouvement féministe des années 1970, ainsi que des combats encore actuels pour la parité ou l’égalité salariale.
Si cette exposition est bien sûr très intéressante par la synthèse qu’elle effectue sur un peu plus d’un siècle à travers le support photographique de la cause des femmes, on peut néanmoins regretter deux points. Le premier, c’est parfois la pudibonderie étrange de certains cartels: alors que Marguerite Yourcenar se trouve “outée” sans avoir rien demandé, des couples de lesbiennes célèbres et militantes sont exposés avec la simple mention d’”amie”. De même, certaines femmes ayant une vie amoureuse et sexuelle libre sont créditées d’avoir eu beaucoup d’”amis” et non des “amants”: ce qui est tout de même moins explicite.
Par ailleurs, on peut regretter également que la dernière salle se transforme quelque peu en propagande pour le Parti socialiste avec l’évocation un peu trop insistante de femmes liées à ce parti ou à la mention de ses satellites féministes...
Néanmoins, il est un point que font apparaître de manière à la fois récurrente et presque surprenante nombre de ces clichés, c’est comment le costume masculin, voire la masculinisation de l’apparence, a pu être la marque d’une revendication d’une vie libre et jugée scandaleuse pour nombre de femmes appartenant aux avant-gardes artistiques et intellectuelles.
Irène Pereira
Écrire commentaire