Alors que le Portugal est actuellement touché de plein fouet par les conséquences de la crise financière, les jeunes Portugais s’organisent sous le nom de « Geracao a rasca ».
D’une génération fauchée au Portugal...
Depuis le début de la crise, le Portugal a atteint un niveau de chômage record (10,8%) et la précarité est très élevée dans ce pays (720.000 personnes en contrat à durée déterminée fin 2010). Cette précarité est en particulier illustrée par “les tickets verts”. C’est un mode de paiement à la tâche qui ne donne droit à aucune protection sociale.
C’est donc dans ce contexte que de jeunes diplômés ce sont organisés et ont appelé via Facebook à une mobilisation. Ils ont pris le nom de « Geracao a rasca », ce qui peut être traduit par “génération fauchée”. Cette mobilisation a pris pour ralliement un manifeste (pour la traduction en français voir le lien suivant: http://geracaoenrascada.wordpress.com/manifesto/francais/).
Ainsi le samedi 12 mars 2011 ont eu lieu au Portugal, à Lisbonne et dans d’autres villes, des manifestations monstres contre la précarité, parmi les plus importantes qu’ait connues le pays depuis la révolution des Oeillets. Ce n’est pas seulement les jeunes qui ont participé à ces manifestations, mais aussi des personnes issues de toutes les générations avec en particulier des parents inquiets pour l’avenir de leurs enfants et des personnes âgées, elles aussi contraintes de recourir aux tickets verts pour compléter leur retraite.
Si les suites de cette grande mobilisation restent pour l’instant incertaines, une semaine plus tard, le 23 mars, on a appris la démission du Premier ministre socialiste José Socrates dont le plan de rigueur a été rejeté par le Parlement. Le rejet de ce plan devrait contraindre le Portugal à solliciter l’aide internationale à l’instar de la Grèce et de l’Irlande.
...à une génération fauchée immigrée à Paris
C’est dans ce contexte que de jeunes Portugais ont fondé un collectif et se sont réunis à Paris le lundi 21 mars 2011. Ils ont effectué une mini-manif devant l’ambassade de France à Paris et ont été reçus par l’Ambassadeur du Portugal en France. Ce collectif a en outre rédigé le Manifeste suivant:
“1. Nous voulons, par ce biais, exprimer notre solidarité la plus profonde avec le mouvement de la “génération fauchée”.
2. Nous désirons que celui-ci continue et ce, jusqu’à ce que la situation de notre pays change et que la précarité soit une fois pour toute considérée comme un problème majeur pour l’avenir du Portugal.
3. Les motifs qui ont amené nos amis, nos familles et tous les autres à manifester massivement le 12 mars au Portugal sont, dans la majorité des cas, les mêmes qui nous ont obligés à quitter notre pays.
4. L’Emigration doit être un choix et jamais la seule alternative pour profiter d’une vie digne.
5. Nous réaffirmons, de cette façon, notre motivation pour participer à la construction d’un nouveau système dans la continuité de ce mouvement contre la précarité.
6. Enfin, nous lançons un appel à tous les Portugais immigrés en France et dans le monde pour qu’ils manifestent leur solidarité avec le mouvement de la “génération fauchée” au Portugal.”
Ils appellent à une manifestation le 25 avril à Paris, dont le lieu et l’horaire restent encore à définir. Mais elle aura lieu probablement dans le 16e devant l'Ambassade du Portugal.
Dans le contexte actuel, se pose plus généralement la question de réussir à construire un grand mouvement de précaires en France qui ne réunisse pas seulement des personnes issues de l’immigration, mais plus généralement l’ensemble de la population: les jeunes précaires dans leur ensemble, les précaires des secteurs privé et public, des secteurs fortement précarisés comme celui de la culture ou de l’enseignement supérieur, les femmes, elles aussi bien souvent parmi les premières cibles....
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