Coordonnée par Sophie Béroud, Nathalie Dompiner, David Garibay
Syllepse, 190 p., 20 euros
L’année sociale, publiée par Syllepse, présente chaque année l’actualité des luttes sociales en France. Coordonnée par une équipe de chercheurs du laboratoire Triangle, l’ouvrage débute par une introduction qui présente le contexte social en Europe et en France durant l’année 2010 et revient plus particulièrement sur la crise économique et le mouvement contre la réforme des retraites.
La deuxième partie de l’ouvrage est composée d’une chronologie qui rappelle l’ensemble des évènements marquants de la vie sociale de l’année 2010 mois après mois. Il faut souligner en outre que cette chronologie est complétée de petits encarts qui présentent un focus sur un point particulier comme par exemple le Collectif Jeudi noir, la grève chez Total, le journée sans immigrés....
La dernière partie de l’ouvrage est composée de six articles scientifiques qui abordent un point plus particulier de manière plus approfondie. Tout les articles, y compris l’introduction, sont suivis d’une bibliographie.
Le premier article collectif, rédigé par Olivier Laviolette, Maxime Petrovski et Pascal Pons, porte sur les stratégies économiques actuelles de vingt multinationales. L’article conclut à un maintien et même à une accentuation des orientations néolibérales antérieures sans que la crise actuelle ait constitué une véritable rupture.
Sophie Beroud et Yon Karel reviennent sur le mouvement de grève contre les retraites de l’autonome 2010. Trois angles sont particulièrement analysés: la stratégie du syndicalisme rassemblé défendu par la CGT, les modes d’actions mis en oeuvre durant le mouvement et pour finir la question de la démocratie au sein des luttes sociales.
L’article de Mathieu Hély et Maud Simonet s’attache pour sa part plus particulièrement à deux évènements au sein du monde associatif: la grève à Emmaüs et la constitution du syndicat Asso au sein de l’Union syndicale Solidaires. L’article présente l'intérêt d’aborder la question du monde associatif à partir du problème ambivalent des relations salariales. Les auteurs montrent comment l’orientation constitutive de l’associationnisme - comme dépassement des conflits de classe - et l’importance accordée à la question de l’engagement professionnel du salarié au sein de structures, qui sont liées au bénévolat, donnent à la question syndicale - et à celle des revendications salariales - une dimension tout à fait particulière dans le monde associatif.
L’article d’Elisabeth Weissman aborde la question de la désobéissance et de la résistance dans les services publics à la suite des réformes intervenues depuis 2007. L’article s’attache à décrire l’émergence d’une nouvelle figure: le travailleur citoyen résistant. L’auteure distingue deux sous-formes au sein de cette figure: celle du désobéissant et celle du résistant. Le désobéissant se met clairement dans l’illégalité en refusant d’appliquer les réformes en cours au risque de sanctions professionnelles. Au contraire, le résistant ne va pas frontalement désobéir, mais il va les appliquer incorrectement. Alors que le désobéissant s’inscrit dans le cadre d’analyse de la désobéissance civile théorisée par Thoreau, le résistant est étudié à partir de la notion de micro-résistances chez Michel Foucault. L’auteure montre en outre que dans nombre de cas, la notion de “désobéissance” est évitée par les acteurs eux-mêmes dans leur communication extérieure à cause même des risques de sanctions et de l’image de radicalité qu’elle semble impliquer. Elle montre également la distance, voire la réticence, de nombre d’organisations syndicales à soutenir les actes de désobéissance perçus comme par s’inscrivant dans une logique par trop individuelle. L’article s’attache à étudier ces phénomènes dans diverses administrations, aussi bien l’Education nationale que la police ou encore à EDF ou Pôle Emploi.
L’article de Cristina Nizzoli s’interesse pour sa part à une grève de sans-papier en 2008 dans une déchetterie. Il revient en particulier sur l’analyse du rôle de la CGT au sein de ce conflit social.
Le dernier article, signé par Xabier Itçaina, porte sur la constitution d’une association au Pays Basque français. Il s’agit d’une association qui s’est créée sur les bases de l’agriculture paysanne en “chambre d’agriculture du Pays Basque”.
Ce nouveau numéro de l’année sociale permet donc à la fois de garder trace de la chronologie sociale de l’année 2011 tout en approfondissant des points particuliers. Il constitue donc un outil de référence intéressant à posséder dans une bibliothèque syndicale ou, pourquoi pas, à offrir en fin d’année à tout militant comme souvenir de ses implications passées, afin d’y re-réflechir et de les mettre en perspectives.
Irène Pereira
Écrire commentaire
Ethan (lundi, 23 juillet 2012 12:37)
Thanks you drastically for this great and actually insightful report. Everybody will get fantastic specifics from this text.outstanding do the job protect it up. I�m planning to bookmark this website site for came back again all over again in upcoming.Visiting this site daily now. Great info. Keep it up!