Résumé
L’ouvrage cherche à se démarquer d’une approche institutionnelle, en prenant pour objet l’action syndicale locale. Il la définit comme relevant principalement du registre communicationnel, puisque c’est sur le terrain de la communication que se jouent en grande partie les rapports de force entre employeurs et salariés dans un univers social pacifié où la domination se fait sans recours à la violence physique, sous forme de luttes symboliques. Seule est traitée la communication syndicale dans les entreprises, à travers trois grandes organisations : la CGT, FO et la CFDT.
Dans un premier chapitre, le syndicalisme et la communication sont présentés comme des mondes distants. L’action syndicale, qui s’est dessinée au sein d’une économie de type fordien, n’a pas su se transformer et s’adapter et désormais, les représentants syndicaux subissent l’emprise de la communication managériale. Pour entrer dans l’ère de la communication, les organisations syndicales ont dû de leur côté renoncer à un modèle identitaire fondé sur la propagande sans réussir à le remplacer par un modèle qui leur soit propre et tout en restant dépendantes d’un certain folklore dont relèvent par exemple le tractage ou la culture de la manif. Les facteurs de l’impuissance syndicale sont nombreux. Les lois Auroux de 1982, en institutionnalisant la place des représentants des salariés dans le dialogue social, ont abouti à couper les syndicats des salariés. Les confédérations investissent faiblement le terrain communicationnel et notamment les TIC (technologies de l’information et de la communication). Avec l’individualisation du rapport salarial et la juridicisation des conflits entre salariés et entrepreneurs, les représentants syndicaux apparaissent comme des secours administratifs et non des représentants de l’intérêt général. Enfin, il faut prendre en compte la professionnalisation de l’activité syndicale. Dans ce cadre général, les représentants syndicaux apparaissent peu pourvus de ressources communicationnelles, ce qui s’explique par leur formation initiale (plutôt technique qu’académique et généraliste) et par leur trajectoire (notamment d’échec scolaire, ce qui se traduit par un sentiment d’incompétence et d’illégitimité). La légitimité de la représentation syndicale au niveau local est par ailleurs mise en cause par la loi de rénovation de la démocratie sociale de 2008. L’absence d’une véritable politique de formation à la communication dans les organisations syndicales se conjugue avec le manque de ressources en matière de communication publique et la difficulté pour les syndicats d’imposer aux médias leurs propres représentations.
Le second chapitre porte sur la formation en communication des représentants syndicaux, dans laquelle les instituts universitaires appelés « instituts du travail » jouent un rôle central. Or l’offre de formation de ces instituts témoigne d’une absence de formatage, de concertation et de prise en compte des besoins syndicaux locaux. Cela s’explique par le manque d’intérêt, dans les instituts, pour le domaine de la communication et par le fait que l’offre de formation s’élabore souvent selon une logique académique et universitaire qui tend à privilégier le droit et l’économie et à considérer que la communication relève de pratiques et de techniques irréductibles à la transmission universitaire et uniquement transmissibles entre militants syndicaux. Par ailleurs, les confédérations syndicales elles-mêmes ne donnent pas à la communication la priorité dans la formation des militants et s’en remettent pour cela aux autres échelons. Ainsi, l’offre de formation est aléatoire et manifeste une appréhension du problème par le seul biais de la relation avec les médias au détriment de la dimension locale.
Le troisième chapitre traite des représentants syndicaux. Ici l’auteur, lui-même formateur en communication, s’appuie sur un dispositif d’autoscopie, qui permet aux formés, à l’aide de l’enregistrement vidéo, de se voir et d’expérimenter pour améliorer leur communication au regard des normes de leur univers professionnel. L’autoscopie, ici instrumentalisée par la démarche sociologique, apparaît avant tout comme un dispositif normatif, par lequel les syndicalistes se soumettent à un idéal communicationnel qui n’obéit pas à un modèle militant et populaire qui leur serait propre, mais à un modèle d’excellence scolaire issu des groupes sociaux dominants.
Le quatrième chapitre porte sur le défi que représente le management des opinions pour les organisations syndicales. Les dispositifs de mesure d’opinion se généralisent depuis les années 2000. Présentés comme une expression de la démocratie en entreprise, ils sont en réalité des outils managériaux de normalisation des opinions sous l’apparence d’une neutralité scientifique. La démocratie d’opinion en entreprise se construit contre les institutions représentatives du personnel et délégitime le discours syndical en s’appuyant sur une rhétorique de la proximité et de la participation. Les importants biais méthodologiques dans la construction des chiffres relèvent à la fois d’un savoir-faire managérial et d’une participation des acteurs qui croient à la naturalité du consensus obtenu. Il est alors difficile aux organisations syndicales, au niveau local, de le contester sans paraître refuser les principes démocratiques, d’autant plus qu’elles peuvent se trouver, par le jeu des logiques managériales à l’œuvre, enrôlées dans le dispositif comme un acteur du dialogue social au sein de l’entreprise. L’absence de stratégies confédérales en la matière laisse les militants locaux désarmés.
Le chapitre 5 s’intéresse à l’influence médiatique sur l’action syndicale. Les représentants syndicaux interrogés par l’auteur dénoncent une image biaisée et folklorisée des syndicats, liée à la fois au fait que le discours médiatique obéit à une logique du fait divers et du spectaculaire et à la nature même du travail syndical local, irréductible à la communication médiatique. Par ailleurs, la vision que les médias donnent du monde de travail et de l’entreprise renforcerait chez les salariés la tendance à la résignation et au repli sur soi. Pour expliquer cette perception des médias, l’auteur insiste sur l’éloignement des représentants syndicaux locaux par rapport à cet univers dont ils ne maîtrisent pas les codes, la médiatisation des conflits locaux, quand elle se produit, étant principalement assurée par les fédérations ou les confédérations. Il pointe par ailleurs la nécessaire distance qui existe entre la perception subjective que les militants ont de l’identité de leur organisation, l’image que celle-ci donne d’elle-même à l’échelle confédérale et l’image qu’en donnent les médias. Même si les représentants locaux perçoivent bien la médiatisation comme une arme stratégique, ils n’en maîtrisent pas toujours l’usage, notamment parce que les confédérations ne proposent pas de formation dans ce domaine.
En conclusion, l’auteur explicite les postulats méthodologiques de sa démarche. Dans la lignée du marxisme, il analyse l’action des représentants syndicaux comme engagée dans un rapport salarial dont ils participent à l’euphémisation. Reprenant les analyses de Foucault, il montre que les rapports de pouvoir s’exercent depuis la base, au niveau local. Enfin, à travers une analyse relationnelle de type bourdieusien, il insiste sur les rapports de force dans lesquels sont pris les agents et sur la faiblesse, qui ne signifie néanmoins pas l’absence de leurs ressources.
Notre avis
L’intérêt principal de l’ouvrage est sans doute l’accent qu’il met sur l’échelle locale de l’action syndicale, avec notamment deux aspects principaux : la question de l’articulation du local avec les autres échelons et la question des ressources des agents pris dans des rapports de domination. L’approche de l’action syndicale par la communication est à ce titre particulièrement éclairante, car elle permet de saisir les écarts et de mesurer les faiblesses. Néanmoins, on peut se demander s’il n’était pas possible d’analyser les ressources des acteurs et leur pouvoir d’action non pas à partir de ce qui leur échappe de la communication dans l’entreprise mais à partir des recettes, sans doute localisées et individuelles, et de l’inventivité qu’ils déploient, avec les individus les plus militants, pour (r)établir, malgré tout, des ponts avec les salariés.
Nada Chaar
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wlp (lundi, 22 juin 2015 11:32)
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