Les enjeux contemporains de la technique: la technique comme rapport social

Le philosophe Gunthers Anders expose sa thématique de "l'obsolescence de l'homme" à partir de développement du nucléaire. On peut en effet constater que les innovations technologiques qui posent le plus d'enjeux ethiques aujourd'hui sont des technologies qui ont été dévéloppées à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale: nucléaire, informatique, génétique, greffe d'organe, procréation médicalement assisté, nanotechnologie... 

 

- Les nouvelles technologies comme rapport social: le capital culturel

 

Il est nécessaire d'effectuer une appréhension des nouvelles technologies comme un fait social et donc de les analyser sous l'angle des rapports sociaux qu'elles induisent. 

Avec les nouvelles technologies, il y a ceux qui les maîtrisent et ceux qui y sont soumis à la fois durant le temps de la production que leur temps de loisirs.

Ainsi, le rapport à l'usage d'Internet comme outil permettant de se cultiver et d'augmenter ses compétences n'est pas le même en fonction du capital culturel détenu par l'individu. 

Alors que pour certain Internet peut devenir le lieu d'une production de savoir, pour d'autre, il n'est qu'un espace de captation par le spectaculaire marchand de leur pouvoir d'achat.

- Les nouvelles technologies et la réflexion sur le pouvoir d'Etat: La question de la surveillance et des libertés publiques

 

L'usage des nouvelles technologies concernant la réflexion sur le pouvoir d'Etat se pose en particulier avec les possibilité de contrôle et de surveillance que permettent ces innovations:

big data, écoutes electroniques, biométrie, fichage génétique...

 

- Les nouvelles technologies et l'exploitation capitaliste: la rationalisation technique de l'exploitation: 

 

Les nouvelles technologies interviennent tout d'abord dans la production:

- rationalisation technique de la production ("Benchmarking")

- robotisation et automatisation de la production des biens et des services.

 

Elles son également développées à visée d'action sur le consommateur (technique de marketing et publicité) par exemple:

- neuromarketing

- marketing viral

- profilage commercial... 

 

- Les nouvelles technologies et les rapports sociaux de sexe: 

 

Les anthropologues féministes comme Paola Tabet ont montré que le rapport social technologique est constitutif des rapports sociaux de sexe dès les sociétés de chasseurs/cueilleur.

 

Ainsi, tout comme la maitrise des outils mathématiques induit des rapports sociaux de sexe, les métiers d'ingénieur et ceux liés à l'informatique en général sont fortement génrés. La maitrise de l'informatique induit de forts rapports sociaux de sexe.

Alors que sont valorisés dans l'éducation féminine les relations à autrui et l'empathie, sont valorisés dans l'éducation masculine la maîtrise de compétences techniques et le rapport aux machines. 

 

- Processus de "racisation" et technologies dans le système monde:

 

Les rapports sociaux de "racisation" dans la mondialisation avec les inégalités régionales induisent des inégalités dans la maîtrise des technologies.

Mais également à l'inverse, des processus d'acculturation, qui imposent à des cultures d'abandonner leurs savoirs-faire traditionnels au profit de ceux jugés plus rationnels de la modernité.

Par exemple, si on prend le cas des technologies agricoles, il n'est pas certain que les technologies modernes de l'agriculture extensive mécanisée et chimique soient plus pertinent que des modes d'agriculture traditionnels qui peuvent être perfectionnés comme dans la permaculture ou l'agroécologie. 

 

- Les nouvelles technologies et l'écologie:

 

Les innovations technologiques produit depuis la première révolution industrielle ont un impact sur l'environnement. Certains parlent ainsi d'anthropocène.

Mais les nouvelles technologies ne sont pas non plus sans incidences: elles consomment de l'electricité nucléaire, elles utilisent des ressources naturelles rares...

 

- Les nouvelles technologie et l'obsolescence de l'humain:

 

L'enthousiasme techniciste engendre des idéologies telles que le transhumanisme. Mais le transhumanisme n'est pas seulement le rêve d'un dépassement de l'être humain en général.

Il est surtout celui de l'avènement d'une division de classes sociales reposant sur une anthropologie. L'humain augmenté serait avant tout celui capable de payer et de maitriser des nouvelles technologies qui induirait non pas seulement une différence quantitative entre être humains, mais une rupture anthropologique qualitative. 

 

Conclusion:

Les technologies ne doivent pas être pensées de manière neutre mais comme un fait social. Or dans une société inégalitaire, un fait social doit être analysé en tenant compte de sa dimension de rapport social.

Les technologies ne sont pas neutres, elle induisent des rapports sociaux: il y a ceux qui maîtrisent les techniques et ceux qui sont soumis à ces techniques.

La technologie doit être en outre pensée dans son imbrication avec les autres rapports sociaux de classe, de sexe...