L’économie des nouvelles technologies induit des transformations dans la sphère du travail.
Voici ci-dessous plusieurs notions qui permettent d’aborder la non-rémunération du travail dans le numérique:
- Crowdsourcing: Cette notion désigne un travail qui met en jeu l’intelligence collective des internautes. Il peut s’agir par exemple de faire appel à cette intelligence collective pour résoudre des problèmes d’intérêt général portant sur des questions scientifiques ou d’urbanisme par exemple. Mais le crowdsourcing implique le recours à une activité qui n’est pas rémunérée et qui pourtant peut générer du profit en faveur d’entreprises privées.
Ainsi, certains ont cru voir dans l’open source une remise en question subversive du droit de propriété et la création de nouveaux communs remettant en cause les enclosures de Microsoft. Néanmoins, une entreprise comme Google a montré comment il était possible de constituer un modèle économique fort rentable en s’appuyant sur l’intelligence collective générée par l’Open source.
“Travailler plus pour gagner rien ? Les créatifs contre le crowdsourcing”, Rue 89, 06/14:
- Destruction créatrice: Cette notion a été introduite par l’économiste A. Schumpeter pour indiquer qu’une grappe d’innovation détruit des emplois, mais qu’elle en génère également d’autres. Néanmoins, s’il est possible d’admettre une telle hypothèse à un niveau macrosocial, il faut néanmoins prendre en compte le niveau microsocial. Les individus qui perdent leur emploi ne sont pas nécessairement en mesure de se reconvertir pour accéder à ces nouveaux emplois et peuvent se retrouver temporairement ou définitivement au chômage.
- Digital labor: Cette notion a pour fonction de désigner l’ensemble du travail non rémunéré sur Internet et qui pourtant génère du profit de manière plus ou moins directe. Ainsi par exemple lorsqu’un Internaute émet un avis positif sur un produit commercial, il contribue à en faire la publicité.
“Digital labor ou digital volunteer ? Marx à l’heure du web 2.0”
Antonio Casilli, Qu’est-ce que le digital labor ? (2013)
http://fr.slideshare.net/bodyspacesociety/digital-laborv3
- Classe créative: Ce groupe social désigne pour certains sociologues un ensemble de professions adaptées à cette nouvelle économie du numérique: artistes, scientifiques, innovateurs entreprenariaux, journalistes… Néanmoins, si certaines personnes effectuant ces activités sont susceptibles de gagner très bien leur vie et même de s’enrichir de manière considérable, d’autres peuvent au contraire connaître une précarité économique constante. Il ne s’agit donc pas d’une classe sociale homogène.
Vivant Elsa (2006) « La Classe créative existe-t-elle ? », Les Annales de la Recherche
Urbaine, n° 101 « Economies, connaissances, territoires », novembre, pp. 155-161.
- Economie de la contribution: Cette notion est utilisée en particulier par le philosophe Bernard Stiegler pour désigner une nouvelle forme d’économie où chacun est conduit à participer et où la barrière entre producteur et consommateur s’efface. Néanmoins, cette nouvelle forme d’économie pose des problèmes quant à la manière de rémunérer ce travail collectif.
Bernard Stiegler sur l’économie de la contribution:
http://arsindustrialis.org/category/tags/%C3%A9conomie-de-la-contribution
- Economie de la gratuité: Internet repose pour une part sur l’économie de la gratuité. Mais cette notion est ambiguë car elle recouvre en réalité des modèles économiques différents. Il peut tout d’abord s’agir de contributions bénévoles. Mais l’économie de la gratuité peut également recouvrir des modèles économiques qui visent à générer du profit. C’est le cas par exemple des annonces publicitaires sur les sites Internet ou encore des données de navigation des internautes qui sont revendues. Il est possible d’ajouter à ces modèles les sites qui disposent d’une offre Freemium et d’une offre payante: certains services sont gratuits et d’autres payants. L’objectif est que l’usage des premiers les incite ensuite à avoir recours aux seconds.
“Freemium: le gratuit (ou presque) comme modèle économique”, Les échos, 2013
- Travail non-qualifié: Les nouvelles technologies sont conduites à détruire des emplois non-qualifiés et en particulier des emplois précaires dans les services. C’est le cas d’activités d’accueil et de vente qui sont remplacées par des automates: banques, supermarchés, gares… Mais l’économie du numérique génère également ses propres formes d’emplois non-qualifiés aux rémunérations faibles et aux activités répétitives: saisie de données, manutention de produits dans le e-commerce… Ainsi, loin de faire accéder tous les travailleurs à l’intelligence (comme l’affirme Michel Serres), l’économie du numérique reproduit la division sociale entre un travail manuel répétitif et un travail intellectuel créatif.
“Amazon, les dessous de l’horreur économique”, Marianne, juin 2013
http://www.marianne.net/Amazon-les-dessous-d-une-horreur-economique_a229309.html
- Travail déqualifié: La particularité des nouvelles technologies, c’est qu’elles ne conduisent pas seulement à la disparition de certains emplois non-qualifiés, mais qu’il s’agit de les utiliser pour reproduire certaines aspects d’activités qualifiées: trading, conduite et pilotage de machines, enseignement, journalisme…
“47% des emplois pourraient être confiés à des ordinateurs intelligents d’ici 20 ans”, janvier 2014
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Micha Leisinger (mardi, 24 janvier 2017 10:58)
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