Faut-il attendre que les élèves désirent apprendre pour leur apprendre ?
Il faut sans doute sur ce point distinguer au moins deux cas de figure dans le rapport des élèves au désir d’apprendre.
L’enfant curieux
Il y a des enfants qui semblent naturellement curieux, qui se passionnent pour tout ce qui les entoure ou du moins parviennent à développer de véritables passions intellectuelles pour un certain nombre de sujets.
Les pédagogies alternatives, lorsqu’elles dessinent en creux le portrait de l’élève, semblent s’adresser à ce type d’enfant. Il s’agit d’un élève qui semble engoncé dans les programmes et les rythme scolaires institués. On a l’impression qu’il aurait seulement besoin d’un enseignant qui les aide à réaliser leurs projets de connaissance.
Cet enfant semble animé d’une soif de savoir que l’école parait parfois contrarier. Face à ce type de personnalité, on a l’impression que l’école devrait au contraire partir de la curiosité intellectuelle de l’élève plutôt d’essayer de lui imposer des savoirs de l’extérieur, de manière artificielle.
Il faut sans doute également préciser que certaines éducations familiales liées aux classes moyennes intellectuelles favorisent l’ouverture intellectuelle et stimulent plus particulièrement la curiosité de l’enfant. De fait, il est sans doute nécessaire de relativiser en partie cette apparence de curiosité naturelle de certains enfants.
L’enfant indifférent
A l’inverse, il y a des enfants dont le portrait ne semble pas correspondre au portrait implicite des pédagogies alternatives. Il s’agit d’un enfant qui ne semble s'intéresser à rien par lui-même ou alors uniquement aux séductions ouvertes par la société de consommation. Les désirs manifestés semblent alors être davantage le produit d’une séduction marketing extérieure que le fait d’une impulsion interne.
Dans ce cas là, faut-il, comme le défendent certains pédagogues, attendre que l’enfant ait le désir d’apprendre par lui-même lorsqu’il en aura besoin ?
Peut-être serait-ce une solution idéale… mais compte-tenu du cadre social, cela risque d’être compliqué. Certes, il arrive souvent que ces enfants - que la connaissance ne semblait pas motiver - deviennent par la suite des adultes qui s'intéressent d’eux-même à nombre de sujets et d’activités.
Mais la difficulté que risquent de rencontrer de tels élèves, si on les laissent en jachère, c’est qu’il est fort possible qu’au moment où ils voudront mettre en oeuvre leurs propres projets de connaissance, ils n’y parviennent plus du fait du retard qu’ils ont accumulé, en particulier par rapport à d’autres élèves.
Ce cas est illustré dans l’ouvrage de Stéphane Beaud, 80% au bac et après… Le sociologue souligne à plusieurs reprises comment les jeunes étudiants issus des classes populaires immigrés qu’il suit sont éloignés de la culture scolaire légitime et même n’en perçoivent pas l’intérêt.
Mais par la suite, un des protagonistes décide de passer le CAPES de SES. A partir de ce moment là, il se montre motivé pour essayer de rattraper le retard culturel qu’il a accumulé, mais en vain. Il ne parvient pas à combler l’écart qui le sépare des autres candidats dont la culture générale leur permet d’être au niveau pour ce type de concours.
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