- Les jeunes profs en formation ont-ils l'attitude des élèves idéaux qu'ils souhaiteraient avoir ? Quel est pour eux le prof idéal qu'ils aimeraient avoir comme formateur ? Quel enseignant souhaiteraient-ils être pour leurs élèves ?
- Qu'est-ce que le prof idéal ?
Cette question dépend certainement en partie du type d'élève. Ce portrait n'est pas le même pour chaque élève selon les études sociologiques (voir : Dubet, Les lycéens). Il peut être un enseignant :
a) qui est passionné par sa matière et en a une haute maîtrise, qui fait des cours intéressants
b) un professeur qui explique bien: qui est clair et structuré
c) un professeur qui est ouvert à la discussion: qui est capable de sortir de son cours et de donner du sens à son enseignement
d) un professeur qui favorise une ambiance de travail
e) un professeur qui ne décourage pas ses élèves par des notations trop sévères, qui laisse le temps de progresser
etc.
- Qu'est-ce qu'un élève idéal pour l’enseignant ?
Il s'agit sans doute également d'une réponse qui admet des réponses variées comme par exemple;
a) un élève qui est participatif
b) qui est autonome
c) qui est passionné par les apprentissages, qui va au-delà des simples demandes scolaires
d) qui fait bien son métier d’élève
- Quels type d'étudiants et de professeurs sont les enseignants stagiaires et les néo-enseignants ?
a) sont-ils enthousiasmés par le savoir et sont-ils prêts à susciter cet enthousiasme chez les élèves ?
b) se cultivent-ils pas eux-mêmes sur leur discipline ? encouragent-ils les élèves dans leurs passions intellectuelles ?
c) se forment-ils par eux-mêmes en pédagogie ?
d) sont-ils ouverts à la créativité: sont-ils innovants dans leurs pratiques ? sont-ils ouverts à l'originalité et la créativité de leurs élèves ? favorisent-ils la créativité de leurs élèves dans leur enseignement ?
e) sont-ils ouverts à la discussion ? ont-ils à coeur de favoriser l'esprit critique de leurs élèves ? ont-ils à coeur de donner du sens à leur enseignement ? d'aider les élèves à comprendre le monde qui les entoure ?
f) Sont-ils structurés dans la transmission des apprentissages ?
Peut-être, a contrario, faut-il s'interroger sur ces enseignants qui:
a) n'ouvrent plus de livres sur leur discipline depuis la fin de leurs études
b) n'ont jamais jugé bon de se former en sciences de l'éducation et trouvaient inutile par principe toute formation sur le sujet
c) se plaignent que les élèves trop passionnés par leur matière rendent des copies trop longues
d) ont peur des élèves qui lisent plus qu'eux ou jugés très cultivés pour leur âge
e) désirent uniquement que leurs élèves récitent leurs cours
f) ne suscitent pas la moindre initiative intellectuelle de la part de leurs élèves, voire même la découragent.
g) ont peur de discuter avec leurs élèves, que ceux-ci leurs posent des questions auxquelles ils ne savent pas répondre.
h) manquent de rigueur didactique, favorisent les malentendus dus aux implicites
i) effectuent des cours “scrabble” et non des cours “puzzle”. Cette distinction de Bernard Charlot permet de distinguer le cours qui est une somme d’informations sans lien entre elles (scrabble de mots) du cours qui favorise la compréhension par une organisation structurée et intelligente de connaissances (cours puzzle). Le cours scrabble conduit à favoriser le par coeur mécanique, le cours puzzle s’appuie sur la compréhension pour favoriser la mémorisation.
Conclusion:
- Les enseignants se plaignent souvent des élèves qu'ils ont. Ils déplorent leur manque d'intérêt et de passion pour les disciplines qu'on leur enseigne.
- Mais les enseignants ne sont-ils pas eux-mêmes, par leur attitude, responsables en partie de ce profil d'élèves? Ces enseignants ont été eux-mêmes des anciens élèves qui n'ont pas apprécié certains de leurs enseignants. Pour autant, développent-ils l'image de l'enseignant idéal qu'ils devraient souhaiter être ou reproduisent-ils des pratiques qu'ils n'auraient pas appréciées eux-mêmes étant élèves ?
- Lorsqu'ils ont des élèves passionnés par des matières et le savoir, savent-ils être à la hauteur ou se contentent-ils d'un enseignement médiocre qui ne pousse pas l'élève à développer sa passion pour la matière étudiée, à aller plus loin que le cours ?
- Enfin, ont-ils été des élèves qui se sont contentés de leur métier d’élève et qui reproduisent cette attitude de conformisme intellectuel auprès de leurs élèves ?
Référence:
Sur les décalages entre la représentation chez les enseignants et les élèves de l’élève et de l’enseignant idéal:
http://pedagopsy.eu/ennui_des_lyceens.html
Annexe: Quelles finalités pour l’enseignement ?
a) susciter et entretenir le désir de connaître
b) apprendre à l’élève à être autonome et organisé dans son travail
c) apprendre à l’élève à apprendre de manière autonome en structurant l’information de manière acquérir des connaissances
d) l’aider à acquérir la culture générale lui permettant de comprendre les informations et le monde qui l’entoure
e) lui permettre d’acquérir l’esprit critique et la méthode critique pour sélectionner les informations
f) lui apprendre à s’exprimer à l’oral et à l’écrit
g) lui apprendre à travailler en groupe, la solidarité et la coopération
h) ménager un espace de réflexion qui l’aide à se construire en tant qu’individu et que citoyen
Quelles qualités pour l’enseignant ?
a) favoriser une ambiance de travail (cadrer la classe par une mise au travail et une entrée dans les apprentissages)
b) faire un cours structuré et clair - lutter contre les implicites et utiliser la métacognition
c) être capable de donner du sens au savoir en faisant des liens entre les apprentissages et le monde
d) adopter une évaluation bienveillante favorisant le travail et évitant le décrochage
e) être exigeant dans les objectifs de l’enseignement en développant la culture générale, l’esprit critique et la créativité des élèves - être exigeant dans son propre rapport aux apprentissages: maîtriser sa discipline, se tenir au courant de l’actualité de sa discipline, avoir une bonne culture générale, suivre l’actualité générale
f) traiter les élèves comme des personnes (et non comme des individus anonymes) - se poser en adulte face à l’existence et à la société: être capable de parler des questions humainement et socialement vives.
Écrire commentaire