L’étude de la résolution de problème constitue un sous-champ de la psychologie qui partage, avec la psychologie de la créativité et de l’expertise, plusieurs résultats communs.
La résolution de problème est étudiée en décomposant des étapes : chacune ayant donné lieu à des résultats spécifiques.
L’interprétation du problème
Plusieurs travaux sur la résolution de problème mettent en lumière l’importance de l’interprétation de la situation. Il existe tout d’abord plusieurs types de problèmes. En laboratoire, on utilise la plupart du temps des problèmes sémantiquement pauvres (comme la Tour de Hanoi) et bien définis.
Mais dans la vie quotidienne ou professionnelle, les êtres humains doivent traiter des problèmes sémantiquement riches, ouverts, mal définis.
La sémantique du problème doit être prise en compte comme une variable qui influe sur la difficulté de traitement du problème. En effet, le sujet peut ne pas comprendre le problème ou en faire une mauvaise interprétation. En outre, il existe des habillages du problème qui sont plus difficiles à traiter alors que la structure du problème est la même qu’un problème déjà résolu précédemment par le sujet. Ainsi, le problème des ascenseurs est une version de la Tour de Hanoï qui pose de grandes difficultés à traiter pour la plupart des sujets adultes qui font les mêmes erreurs que les enfants de 7 ans face à la Tour de Hanoï.
La seconde dimension de l’interprétation du problème réside dans sa structuration. Le sujet doit être capable de produire un modèle lui permettant de traiter le problème. Les experts prennent plus de temps que les novices à produire une interprétation bien formulée du problème. En particulier, ils sont capables d’analyser quelles sont les données à prendre en compte ou non pour résoudre le problème. Ils dégagent mieux l’essence du problème et sont moins sensibles aux effets de surface induits par l’habillage du problème.
La génération de solution
Les experts se distinguent des novices par la quantité d’information qu’ils possèdent dans le domaine. Il n’y a donc pas pour les problèmes sémantiquement riches de théorie générale de la résolution de problème. Les experts se caractérisent en particulier par leur capacité à produire des classifications de problèmes. Le nouveau problème est analysé de manière à le situer dans une classe de problèmes déjà rencontrée. Le transfert de connaissance dans le traitement de problème est lié à la capacité à effectuer des analogies avec des cas précédemment étudiés.
Mais les êtres humains ne sont pas confrontés qu’à des problèmes routiniers où le transfert de connaissances est évident. D’autres travaux analysent le processus de résolution face à des problèmes nouveaux. Les travaux, en particulier d’Evelyne Clément dans la lignée de la Gestalt theory, insistent sur la flexibilité. Il s’agit de la capacité du sujet à générer une nouvelle interprétation du problème et à le restructurer. La flexibilité s’oppose aux phénomène de fixation et de persévération. Face à un problème, le sujet peut produire une première interprétation et une solution qui le mène à une impasse. Pour trouver la solution, il doit être capable de remettre en cause non seulement sa solution, mais également son interprétation du problème. Par exemple, dans le problème « des neuf points à relier en un seul trait », l’obstacle à la découverte de la solution consiste dans le fait de supposer que la consigne implique de suivre un rectangle. Trouver la solution peut alors consister à s’appuyer sur une propriété plus générale incluse dans la situation. Ainsi Jean-François Richard prend l’exemple d’une bouteille : pour la déboucher avec un tire-bouchon, il faut tirer, mais pour la déboucher si l’on ne possède pas de tire bouchon, il faudra peut être au contraire pousser le bouchon vers l’intérieur.
La stratégie de résolution du problème
Le courant de la planification insiste sur les stratégies générales que met en œuvre le sujet pour résoudre un problème. La résolution de problème complexes suppose de cerner le but, mais également de distinguer des sous-buts. La tâche devient plus facile à accomplir si elle est décomposée en sous-but. En outre, il faut parfois accepter d’effectuer un sous but contre-intuitif qui semble éloigné du but final. Par exemple, dans le problème dit « de la chèvre, du chou et du loup », le sujet doit comprendre que pour traiter le problème, il doit revenir à un moment du processus avec la chèvre alors que le but final consiste à l’amener sur le bord opposé.
Les experts se distinguent dans le processus de résolution de problème des novices par le fait qu’ils n’effectuent pas un raisonnement pour résoudre un problème ou du moins le raisonnement conscient est moins impliqué que chez le novice. L’expert utilise une stratégie qui cognitivement moins couteuse que le novice. Un expert n’est pas un ordinateur qui calcule toutes les possibilités. Il n’agit pas par essai et erreur. L’expert a en mémoire à long terme à la fois des connaissances sémantiques et des procédures qu’il a automatisé en particulier par l’exercice. La mémoire procédurale intervient par exemple en mathématiques. Il transfert par analogie des procédures déjà utilisées dans des cas précédents. L’intuition de l’expert recouvre alors deux caractéristiques. La capacité à trouver une solution. C’est l’insight (« eureka » : l’éclair de génie). Elle désigne également la capacité à donner la bonne solution immédiatement sans réfléchir comme dans les parties éclairs des joueurs d’échec (les « blitz »).
Conclusion : Il est possible de remarquer que les travaux sur la psychologie de l’intelligence (en particulier sur le haut quotient intellectuel) ou sur l’expertise, que les travaux sur la résolution de problème ou sur la créativité, accordent une importance déterminante au raisonnement par analogie. Les chercheurs de ces différents champs semblent considérer que l’intelligence humaine se distingue de celle de la machine par le fait non pas qu’elle se caractérise par le calcul logique, mais par l’analogie qui constituait, selon Aristote sous la forme de la métaphore, la base de la création poétique.
Pour aller plus loin :
Cauzinille-Marmèche Evelyne, Mathieu Jacques, Weil-Barais Annick. Raisonnement analogique et résolution de problèmes. In: L'année psychologique. 1985 vol. 85, n°1. pp. 49-72.
Clément Evelyne, « Approche de la flexibilité cognitive dans la problématique de la résolution de problème », L’année psychologique, 2006, 106, 415-434.
Clément, E. (2001). Etude des différences de flexibilité mentale dans l'activité de résolution de problèmes. In A. Flieller, C. Bocéréan, J-L Kop, E. Thébaut, A-M. Toniolo, J. Tournois, Questions de psychologie différentielle, (pp 317-322). Rennes : Presses Universitaires de Rennes
Julo Jean, « Des apprentissages spécifiques pour la résolution de problèmes », « Grand N » , n° 69, p.31 à p. 52, 2002.
Richard Jean-François, Planification et organisation des actions dans la résolution du problème de la tour de Hanoï par des enfants de 7 ans. In: L'année psychologique. 1982 vol. 82, n°2. pp. 307-336.
Richard Jean-François, « La résolution de problème », La recherche en soins infirmiers, n°50 , septembre 1997.
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