- Tenue de classe et climat de classe, de fausses priorités pour l'enseignant ?-
Introduction :
Les études ont montré que l'effet maître à un effet de 10 à 20 % sur le niveau de ses élèves. Les enseignants efficaces se caractérisent par une bonne tenue de classe et accordent beaucoup de place aux apprentissages. Mais on peut se demander où se situe la cause et l'effet : est-ce parce qu'ils ont une bonne tenue de classe qu'ils ont plus de temps pour se consacrer aux apprentissages ou est-ce parce qu'ils se centrent sur les apprentissages qu'ils ont une bonne tenue de classe ?
Les enseignants novices sont souvent préoccupés par les questions ayant trait à leur tenue de classe et au climat de classe. Pourtant, il est possible de se demander si c'est la priorité sur laquelle doit se fixer un enseignant.
Il est possible au contraire de défendre la thèse selon laquelle la tenue de classe et le climat de classe sont des symptômes plus que les causes des difficultés des enseignants. En effet, la plupart du temps, les difficultés que rencontrent les enseignants sont liées à des élèves qui ne sont pas dans les apprentissages.
Il s'agit peut être au contraire de faire rentrer les élèves dans les apprentissages. Le risque, en effet, en accordant la priorité à la tenue de classe et au climat de classe, c'est que l'entrée dans les apprentissages soit différée jusqu'à ce que ces questions soient résolues.
L'expérience menée par une équipe d'enseignants Freinet dans l'école de Mons-en-Baroeul montre au contraire que ces enseignants ont réussi à améliorer le climat scolaire dans leur école en centrant leur action sur l'entrée des élèves dans les apprentissages.
Mais une telle attitude suppose que l'enseignant ait une bonne connaissance de ce qu'est un excellent apprenant. Pour cela, il est sans doute nécessaire que l'enseignant en formation réfléchisse : a) à son propre rapport au savoir b) connaisse les mécanismes d'apprentissage c) connaisse les méthodes pédagogiques les plus efficaces en particulier avec les enfants en difficulté scolaires, qui sont souvent les élèves des milieux populaires.
I- Le rapport au savoir des enseignants
Le rapport au savoir des enseignants constitue une dimension qui a un impact dans l'acquisition des compétences de l'enseignant. La formation de praticiens réflexifs suppose en effet que l'enseignant ait un contact direct et régulier avec des travaux scientifiques.
1. L'engagement
a. L'engagement dans la tâche
La psychologie désigne par la notion d'engagement dans la tâche la persévérance, la détermination et l'enthousiasme dont fait preuve un sujet face à une tâche.
La psychologie de l'expertise a montré que l'expert se distingue du novice par son engagement dans la tâche. Cet engagement dans la tâche est nécessaire à la formation d'un expert. A. Ericsson a montré à travers la notion de pratique délibérée qu'il faut 10000 heures pendant 10 ans pour former un expert.
b. L'engagement militant.
La France est le pays qui reproduit le plus les inégalités sociales à l'école : elle est classée 34e pays sur 34 pays de l'OCDE. On peut se demander si pour lutter contre les inégalités sociales, il n'est pas nécessaire que les enseignants soient plus que des professionnels compétents, s'il n'est pas nécessaire qu'ils vivent leur métier comme un engagement militant contre les inégalités sociales.
2. Le rapport à la lecture des enseignants.
Les travaux sur la psychologie de l'expertise montrent que ce qui distingue un expert d'un novice, c'est la quantité d'informations structurées qu'il possède.
Les enseignants restent la catégorie sociale qui continue à lire le plus de livres. Mais depuis, le début des années 1980, on constate une baisse de la lecture d'ouvrages dans tous les milieux sociaux. En particulier, le nombre de grands lecteurs (plus de 25 livres par an) a baissé. Cette situation touche également les enseignants. On ne peut pas y voir uniquement une concurrence des nouvelles technologies car les grands lecteurs sont pour la plupart des personnes qui sont également de grands consommateurs d'autres médias.
Or, de nombreuses connaissances théoriques permettent d'avoir à disposition un répertoire important d'hypothèses pédagogiques à appliquer face à une situation donnée.
3. Former des praticiens réflexifs.
Les comparaisons internationales ont amené au constat qu'il y avait une corrélation entre le niveau de formation des enseignants et l'efficacité de l'enseignement. Cela explique pourquoi la durée de la formation des enseignants s'est allongée.
La formation des enseignants demande à ces derniers d'être des praticiens réflexifs informés des travaux de la recherche scientifique. Dans une société aux transformations rapides, l'institution attend des enseignants qu'ils se forment tout au long de leur existence en lisant les ouvrages issus de la recherche scientifique.
4. Penser les finalités de son enseignement
La pédagogie n'est pas qu'un ensemble de techniques. Ces techniques ne prennent sens que relativement à des finalités sur la vision de l'être humain et de la société que l'on se donne pour objectif de construire. Les choix pédagogiques impliquent donc de la part de l'enseignant une réflexion sur les finalités philosophiques et politiques de son enseignement.
Conclusion partielle : La formation de l'enseignant suppose que celui-ci engage une réflexion qui peut conduire à des changements dans la manière d'envisager son engagement professionnel et dans son rapport au savoir nécessaire pour acquérir les compétences d'un praticien réflexif.
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