Comment la norme scolaire fonctionne pour éliminer les élèves de milieux populaires ?
Formuler la question de cette manière conduit à avancer une thèse: le système scolaire impose comme norme suprême la réussite scolaire, mais il fonctionne de manière à générer de l’échec scolaire, en particulier chez les élèves de milieux populaires.
Norme scolaire et masculinité hégémonique: le garçon de milieu populaire “ascolaire”
Le système scolaire impose par son fonctionnement une obéissance à des règles et une soumission à une autorité qui est bien souvent incarnée à l’école primaire par une enseignante femme.
Ce fonctionnement de l’école entre en contradiction avec la construction de la masculinité hégémonique. La masculinité hégémonique se construit en effet par rapport au féminin. Elle valorise une désinvolture par rapport aux règles scolaires.
Les normes scolaires vont ainsi constituer un rempart à la réussite scolaire des garçons de classes populaires. En revanche, grâce à l’aide de leur mère, les élèves garçons de classe moyenne supérieure arrivent à passer l’obstacle du fonctionnement scolaire.
Les malentendus de la norme scolaire: la fille de milieu populaire “trop scolaire”
Avec ses attentes en matière de comportement, de programme, d’exercice, de notes… l’école peut favoriser l’émergence de malentendus socio-cognitifs.
L’élève peut penser qu’on lui demande uniquement d’apprendre et de restituer. Les filles de par leur socialisation sont plus disposées à pouvoir admettre les règles scolaires.
Mais, il n’est pas dit explicitement que l’école attend plus qu’un simple acquittement de la tâche. Or en réalité, l’école attend que l’élève développe un certain rapport au savoir qui se manifeste par une attitude de secondarisation et de l’autonomie intellectuelle.
Sur ce plan, là encore la socialisation de classe sociale vient compléter la socialisation de genre. En effet, la fille de classe moyenne supérieure intériorise par son habitus familial un sens du jeu scolaire qui va au-delà du simple conformisme à la règle scolaire. Il lui permet d’être une élève à la fois “travailleuse” et de paraître “intelligente” scolairement.
La reproduction de l’élite sociale: l’au-delà de la norme scolaire, le garçon de classe moyenne supérieur “brillant”
Mais la véritable capacité à parvenir au statut d’élève brillant est obtenu par l’élève garçon de classe supérieure. Le brio scolaire combine la capacité à intégrer les règles de la socialisation féminine, auquel l’élève accède avec l’aide de sa mère, et la désinvolture de la socialisation de la masculinité hégémonique.
L’élève brillant se situe au-delà des attendus scolaires dans un espace que Bourdieu appelait la “grâce”. Il doit donner l’impression de réussir parce qu’il a des facilités naturelles qui sont la marque de la distinction sociale.
Il se caractérise par sa capacité à savoir jouer avec les règles du jeu scolaire tant dans son comportement que dans ses productions intellectuelles.
Écrire commentaire