Le 29 avril , à la Bourse du travail de Paris, organisée par la Fondation Copernic, a eu lieu une après-midi hommage à Paulo Freire. L’objectif était de discuter de l’implantation de la pédagogie critique en France.
Les constats communs
Environ une centaine de personnes étaient réunies pour discuter, venant d’horizons professionnels différents: professeurs dans l’enseignement primaire et secondaire, enseignants dans le supérieur, acteurs de l’éducation populaire ou encore militants.
Plusieurs participant-e-s ont souligné la difficulté qu’ils et elles avaient dans leurs activités à initier des pratiques alternatives qui rompent avec la récupération néo-libérale des pratiques pédagogiques issues de l’éducation nouvelle.
Plusieurs interventions ont également révélé que les participant-e-s se sentaient soumis-e-s à une injonction problématique à la neutralité dans une situation où, pour autant, les discours dominants, eux, ne sont pas neutres.
C’est ainsi qu’a été mise en avant, dans plusieurs contextes de travail différents, la difficulté de porter des idées féministes, voire anti-racistes. L’exemple des attaques subies par l’introduction de la notion de genre à l’école a été évoquée. Dans le même ordre d’idée, a été évoquée la pénétration de plus en plus large des idées de l’extrême-droite dans différentes couches de la société.
On le voit, c’est à une double offensive néo-libérale et conservatrice que se trouvent exposés ceux qui travaillent dans le domaine de l’éducation ou qui souhaitent mettent en oeuvre des pratiques de formation.
Néanmoins, il s’est avéré que c’est parfois également au sein des mouvements pédagogiques progressistes que certaines ont pu être confrontées à une difficulté à mettre en place des pratiques pédagogiques féministes.
Quelles réponses ?
Plusieurs participants ont souligné l’importance de ne pas disjoindre pratiques de co-construction collective partant de savoirs expérientiels et théories critique savantes. Le défi consiste alors à mettre en lien les deux dimensions.
La pédagogie critique féministe peut alors proposer des pistes. Elle met en lumière l’importance des savoirs expérientiels des opprimées. Mais, elle vise également à armer les opprimées par des théories critiques féministes. C’est donc la circulation entre les savoirs qui apparaîtrait comme fructueuse.
Plusieurs interventions ont ainsi mis en lumière les pratiques féministes mises en oeuvre.
Certains ont souligné l’importance des savoirs issus de l’expérience vécue des opprimées, qui ont pu être une voie de conscientisation dans leur pratiques enseignantes.
D’autres ont mis en avant la manière dont elles s'appuient sur des réflexions féministes pour mieux prendre en compte la question de l’inégale capacité des personnes à prendre la parole du fait des rapports sociaux.
Certaines ont souligné la manière dont elles mettent en oeuvre des pratiques d’empowerment recourant à la non-mixité choisie, à des activités sportives… de manière à augmenter la puissance d’agir des personnes opprimées.
Perspectives:
Cette première rencontre a montré l’intérêt que pouvait rencontrer la pédagogie critique: à savoir une pédagogie qui ne se caractérise pas seulement par une réflexion sur des pratiques pédagogiques, mais également sur les contenus critiques. La pédagogie critique constitue alors une praxis: la mise en oeuvre dans des pratiques pédagogiques de savoirs critiques.
L’importance accordées aux pratiques féministes par plusieurs interventions nous conduit à envisager de mettre en place pour la rentrée en septembre une séance autour des pédagogies critiques féministes de manière à approfondir la connaissance de cette approche.
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