Anti-oppression: une circulation des savoirs

 

Les pratiques anti-oppression se sont développées dans les milieux militants dans les années 1960, avant d'accéder aux formations universitaires et d’ensuite revenir dans les milieux militants.

 

Les nouveaux mouvements sociaux des années 1960-1970

 

Les pratiques anti-oppressions sont liées en particulier à deux filiations:

 

  • les cercles de culture de la pédagogie des opprimés de Paulo Freire. Il s’agit de développer chez les opprimés une conscience critique et leur pouvoir d’agir.

 

  • les groupes de conscience féministes qui se donnent pour objectif de développer la conscience collective des femmes qui y participent et leur capacité d’agir.

 

Le passage par l’université

 

L’arrivée des pratiques anti-oppression dans les milieux universitaires nord-américains suivent plusieurs voies:

 

  • les formations en lien avec l’éducation populaire et le communauty organising, le travail social de manière générale. On trouve en effet tout un courant de pratiques anti-oppressives dans les formations de travail social.

 

  • le courant de la pédagogie critique issue de Paulo Freire développe également dans le domaine de l’éducation une réflexion sur l’oppression et les moyens de la combattre. Kevin Kumashiro fonde d’ailleurs un sous-courant de la pédagogie critique intitulé “pédagogie anti-oppression” qui travaille sur les oppressions multiples.

 

  • le milieu des études féministes et noires. En effet, des militantes et intellectuelles, en particulier noires américaines parviennent à accéder à l’université et à y développer des théories autour des questions des oppressions multiples. Cette place qu’ont pu acquérir les féministes noires à l’université est soulignée dans leurs écrits tant par bell hooks que Patricia Hill Collins par exemple.

 

L’ensemble de ces approches à sans doute contribuer à voir le développement au sein des universités anglo-saxonnes d’enseignement pour la justice sociale.

 

Les master d’enseignement pour la justice sociale constituent des lieux de formation pour des futurs travailleurs dans le secteur du communauty organising, des ONG ou d’autres fondations et associations dans le domaine social ou environnemental.

 

Néanmoins, ces formations sont la cible des critiques de conservateurs et de l’extrême-droite américaine et canadienne qui les considèrent comme des espaces d’endoctrinement au service d’une idéologie de gauche.

 

Retour dans les milieux militants

 

Selon Timothy Luchies, c’est dans les années 1990, dans le mouvement altermondialiste, que se développent de nouveau les pratiques anti-oppression. En fait, on assiste semble-t-il à l’émergence de deux courants militants que semblent traduire la controverse autour des termes alliés ou complices.

 

D’un côté, des militants que l’on peut qualifier de professionnels. Ce sont des salariés d’ONG ou d’autres structures qui sont subventionnées pour intervenir dans le domaine du soutien à l’environnement ou aux communautés autochtones par exemple.

 

D’un autre côté, des militants de la gauche radicale, par exemple féministe ou anarcho-queer, qui reprennent ces pratiques dans le cadre de leurs collectifs de vie militant.

 

Conclusion:

 

La question des théories intersectionnelles et des pratiques anti-oppression constitue une bonne illustration de la circulation des savoirs entre les espaces sociaux militants et les sphères académiques.

 

Références:

 

CR d’un atelier sur l’intersectionnalité et l’oppression organisé par le CRAC-

https://www.anarkismo.net/article/21315

 

Anti-oppression zines - URL: https://www.sproutdistro.com/catalog/zines/anti-oppression/

 

Luchies Timothy, “The promise of prefiguration: Theorizing Anarchism and Anti-Oppresssion” (2012)- URL: https://www.cpsa-acsp.ca/papers-2012/Luchies.pdf

 

Luchies Timothy, “Anarchism as Pedagogy” (2014). URL:

 

http://www.interfacejournal.net/wordpress/wp-content/uploads/2014/06/Interface-6-1-Luchies.pdf