Plusieurs analyses actuelles visent à montrer comment un racisme d’Etat continue d’être à l’oeuvre dans les sociétés contemporaines et comment le féminisme et les luttes LGBT peuvent être instrumentalisées dans la construction du nationalisme et de l’Etat.
La persistance du racisme d’Etat
Le racisme d’Etat est une catégorie qui devrait intéresser la pensée libertaire. Il offre un angle de critique de l’Etat qui ne se limite pas à l’époque colonial ou aux régimes ségrégationnistes.
Le racisme d’Etat désigne un ensemble de politiques des Etats-nations qui visent à maintenir leur unité sur la base d’une opposition entre eux et nous. Ainsi les politiques de racisme d’Etat se manifestent par les mesures concernant la nationalité et le contrôle des frontières.
Homonationalisme et fémonationalisme dans le racisme d’Etat
L’homonationalisme et le fémonationalisme constituent un ensemble de discours et de pratiques qui visent à instrumentaliser les droits des LGBTI et des femmes pour en faire un instrument de légitimation d’un discours national de distinction entre eux et nous.
Le pro-féminisme et le gayfriendly comme instrument de distinction sociale
Dans la bourgeoisie intellectuelle, le fait d’être pro-féministe et la gay friendly attitude sont des marqueurs sociaux de distinction. Elle font de celui qui s’en prévaut quelqu’un de “cool”, d’ouvert, de tolérant et de progressiste.
Il s’agit d’un marqueur social qui distingue: a) de la bourgeoisie conservatrice b) des classes populaires “des ploucs” et des “beaufs”, c) des étrangers appartenant à des cultures “passéistes” et “obscurantistes”.
Ainsi, certaines personnes qui ne semblent avoir que peu d’intérêt pour les droits des femmes et qui peuvent pratiquer un sexisme passif n’accepterait pas qu’on les présentent comme sexiste et n’hésitent pas à critiquer les marques les plus outrées de sexisme chez d’autres. Cela s’explique par le fait d'apparaître comme un macho vous identifie d’emblé à des catégories sociales stigmatisées.
Il en va de même de l’attitude “gay friendly”. Il devient alors du meilleurs effet d’avoir, même si l’on ne l’est pas soi même, des personnes LGBTI dans son entourage. Cela permet de donner de soi une image d’une personne ouverte et tolérante.
Luttes féministes et LGBTI intersectionnelles
Avoir une approche intersectionnelle des luttes féministes et LGBTI c’est éviter d’instrumentaliser ces causes à d’autres fins qu’elles mêmes: à savoir la construction d’une unité nationale ou la distinction sociale.
Le féminisme et les luttes LGBT n’ont pas pour fonction de servir à se construire une image “cool” par opposition aux classes populaires ou aux immigrés post-coloniaux.
Le féminisme et les luttes LGBTI sont des causes qui ont leur finalités en elles-mêmes et qui sont liées aux discriminations et inégalités que subissent au quotidien les personnes qui en sont l’objet.
Elles n’ont pas pour fonction de se construire une bonne conscience sur le dos d’autres groupes sociaux stigmatisés et une image positive de soi en stigmatisant encore davantage d’autres groupes sociaux déjà socialement minorés.
Conclusion:
Par conséquent qu’est-ce qu’une attitude véritablement pro-féministe et LGBTI friendly ? Cela consiste avant tout à se conscientiser soi-même et à conscientiser les autres personnes de son groupe d’appartenance concernant ses privilèges sociaux et les micro-agressions que l’on fait subir à des personnes socialement minorées.
Références:
Farris Sarah, “Les fondements politico-économiques du fémonationalisme” (2013). URL:
https://www.contretemps.eu/les-fondements-politico-economiques-du-femonationalisme/
Le Cour Grandmaison Olivier, La République impériale, politique et racisme d’Etat (2009)
URL: http://www.fayard.fr/la-republique-imperiale-politique-et-racisme-detat-9782213625157
Jasbir Puar, Rethinking homonationalisme. (2013) URL: http://sites.middlebury.edu/sexandsociety/files/2015/01/Puar_Rethinking-Homonationalism.pdf
Quijano Anibal, “Estado-nacion, ciudadania y democracia” (1997). URL: http://biblioteca.clacso.edu.ar/clacso/se/20140506053935/eje2-9.pdf