Les différents courants de la pédagogie critique axent leur orientation selon différentes perspectives.
- Le dialogue expérientiel: Certain-e-s pédagogues critiques considèrent que la pédagogie critique consiste avant tout à valoriser les savoirs expérientiels des personnes.
Cette approche est sans doute plus facile à mettre en oeuvre avec des adultes (ou parfois des personnes plus jeunes) lorsqu’il s’agit de libérer la parole sur des expériences d’oppression que l’on a vécu.
La difficulté de cette approche, c’est qu’il faut être vigilant aux malentendus socio-cognitifs entre rapport au savoir pratico-oral et rapport au savoir scriptural.
- Le dialogue critique visant le dévoilement du curriculum caché: Certain-e-s pédagogues critiques considèrent surtout que la pédagogie critique doit conduire les apprenants à réfléchir de manière critique sur les curricula prescrits (par exemple: les programmes scolaires). Il s’agit alors d’analyser ces curricula en lien avec des rapports sociaux de classe, de sexe, de race, de sexualité ou encore environnementaux. La difficulté de cette approche c’est qu’elle met en oeuvre des capacités intellectuelles de haut niveau. C’est-à-dire que pour que l’apprenant soit en capacité d’avoir une réflexion critique sur les contenus enseignés, il faut au préalable qu’il les aient déjà suffisamment assimilés. Il est possible néanmoins d’aménager cette réflexion pour qu’elle aide les apprenants à mieux comprendre les contenus et savoir-faire enseignés en leur dévoilant les codes sociaux implicites qui y sont liés.
- La pédagogie anti-discrimination: L’enseignant qui met en oeuvre une pédagogie anti-discrimination cherche à éviter qu’au sein du groupe d’apprenant se réitère des rapports sociaux inégalitaires et que les personnes socialement discriminés en pâtissent. Elle/il veille à éviter toute forme de différenciation passive ou active qui construit des inégalités d’apprentissage entre apprenants.
- Le transfert des capacités d’analyse critique: Dans cette perspective, l’enseignant-e s’attache à favoriser la capacité des apprenants à réinvestir des “savoirs critiques” pour analyser le monde social qui l’entoure en menant par exemple des enquêtes de conscientisation sociale.
- L’empowerment des apprenant-e-s: Cet axe vise à développer chez les apprenants des capacités d’engagement en faveur de la justice sociale. Cela peut passer par une pédagogie de projet portant sur des causes sociales, sociétales ou environnementales par exemple.
Cela peut être mis en oeuvre par exemple dans le cadre de l’EMC dans la partie “Engagement”.
Conclusion:
Il n’est sans doute pas simple pour un même enseignant d’arriver à conjoindre tous ces éléments en même temps. Il est sans doute possible qu’en fonction de sa personnalité et de ses centre d’intérêts pédagogiques, il/elle axe sur l’une ou l’autre perspective.