Bolsonaro a mis dans son programme éducatif qu’il s’agit d’extirper la philosophie de Paulo Freire.
A peine élu, le président s’en prend encore à la philosophie et à la pédagogie de Paulo Freire. Il annonce sa première mesure :
« Selon le président élu, le profil du futur ministre de l'Education, désigné par lui comme l'un des plus importants, sera différent de l'actuel. "Son profil est différent de ce qui a été adopté jusqu’à présent, la ligne de Paulo Freire. Nous voulons quelqu'un avec un bon curriculm scolaire, cherchant des moyens de rétablir l'autorité de l'enseignant dans la classe et de former, enfin de compte, non des "non-militants", tels qu'ils sont aujourd'hui largement formés ", a-t-il déclaré » (1).
Décryptage en comparant les déclarations de Jair Bolsonaro et celle de Paulo Freire dans l’ouvrage qu’il a écrit à destination des enseignants, Pédagogie de l’autonomie :
Paulo Freire était-il un partisan d’un programme scolaire de faible niveau et d’un enseignant sans compétence scientifique ?
« L’assurance avec laquelle l’autorité de l’enseignant se déploie implique une autre qualité, celle qui se fonde sur sa compétence professionnelle. Aucun enseignant n’exerce cette autorité en l’absence de cette compétence. Le professeur qui ne poursuit pas sérieusement sa formation, qui n’étudie pas, qui ne s’efforce pas d’être à la hauteur de sa tâche n’a pas la force morale suffisante pour coordonner les activités de sa classe. Certes, cela ne signifie pas que la pratique ou l’option démocratique du professeur soit déterminée par sa compétence scientifique. Il y a des professeurs scientifiquement bien préparés qui demeurent autoritaires en toute circonstance. Mais je veux dire que l’incompétence professionnelle disqualifie l’autorité du professeur ». (Paulo Freire)
Paulo Freire était-il partisan du laxisme en matière éducative ?
«Lors d’un des nombreux débats auxquels je viens de participer, portant précisément sur la question des limites sans lesquelles la liberté est pervertie et devient licence, et l’autorité, autoritarisme, j’ai entendu un des participants dire que je répétais le même refrain qu’un de ses professeurs, reconnu réactionnaire à l’époque de la dictature militaire. Pour mon interlocuteur, la liberté ne pouvait admettre une quelconque limite. En ce qui me concerne, je ne suis absolument pas d’accord, justement parce que je parie sur elle, parce que je sais que sans la liberté, l’existence ne prend de valeur et de sens que dans la lutte pour sa conquête ou sa reconquête. La liberté sans limite est aussi niée que la liberté asphyxiée ou castrée. » (Paulo Freire)
La philosophie éducative de Paulo Freire consiste-t-elle a produire du militantisme dans la salle de classe ?
« Le rejet catégorique d’une quelconque forme de discrimination fait également partie du penser juste. La pratique fondée sur des préjugés relatifs à la race, la classe, le genre offense la substantialité de l’être humain et nie radicalement la démocratie. » (Paulo Freire)
Conclusion :
Si faiblesse de la formation, il y a elle est du côté de ceux qui sans avoir lu l’oeuvre de Paulo Freire ou avoir lu les travaux en étude de genre veulent au Brésil l’interdire au nom de leurs préjugés intolérants.
Le problème avec l’autorité est du côté de ceux qui confondent l’autorité avec l’autoritarisme et la liberté avec le laxisme. Ce sont les mêmes qui sont les nostalgiques, comme Bolsonaro de la dictature au Brésil.
Enfin, les accusations de militantisme servent en réalité à masquer chez ceux qui les prononcent l’adhésion à des thèses racistes, homophobes, transphobes ou encore misogynes. Dans ces conditions, la lutte contre l’homophobie, la transphobie, le racisme… sont réduits à du militantisme partisan. Mais il ne s’agit pas d’idées partisanes, mais de la défense des droits humains fondamentaux.
(1) Cité dans :
https://www.em.com.br/app/noticia/politica/2018/10/29/interna_politica,1001390/bolsonaro-revela-primeira-medida-e-detalha-equipe-de-ministros.shtml