Pédagogie critique: Différence entre coopération sociale et collaboration en entreprise

 

 

Petite auto-défense intellectuelle contre le néolibéralisme :

 

- La notion de coopération tire ses sources dans le mouvement ouvrier entre autres des thèses de penseurs libertaires comme Proudhon ou Kropotkine :

 

Proudhon théorise la notion de « mutuellisme » en s’appuyant sur les expériences de caisses de solidarités dans les milieux ouvriers. Le mutuellisme ne repose pas sur l’intérêt individuel, mais sur des obligations de solidarité entre les participants.

 

(Voir : De la capacité politique des classes ouvrières)

 

Kropotkine théorise l’existence d’un principe d’entraide dans l’évolution naturelle. Darwin a eu raison de considérer que l’affirmation individuelle est un principe de l’évolution. Mais il n’est pas le seul. L’entraide est un autre principe sans lequel les espèces sociales comme l’être humain ne pourrait pas survivre.

 

(Voir : L’entraide, un facteur de l’évolution)

 

- Certains théoriciens de la critique du libéralisme et du néolibéralisme, comme Michea, considèrent que le néolibéralisme repose sur l’individualisme.

 

Néanmoins, on peut constater que l’économie néo-libérale reprend également indistinctement les notions de coopération et de collaboration. Par exemple dans une étude de 2015, l’OCDE a mené une étude pour savoir qu’elles sont les systèmes scolaires qui apprennent le mieux aux élèves à collaborer entre eux en favorisant des pédagogies coopératives.

 

(Voir : OCDE, PISA- Collaborative solving problem - http://www.oecd.org/education/pisa-2015-results-volume-v-9789264285521-en.htm )

 

- Distinguer la coopération sociale et la collaboration en entreprise :

 

Dans un ouvrage de 2018, Eloi Laurent dans un ouvrage intitulé « L’impasse collaborative » entreprend de distinguer entre les deux concepts :

 

« La distinction centrale que j’opère dans le livre et qui est, je crois, assez nouvelle, consiste à opposer coopération et collaboration. On pourrait penser que collaboration et coopération sont simplement synonymes. Je pense au contraire que trois dimensions au moins les séparent : la collaboration s’exerce au moyen du seul travail, tandis que la coopération sollicite l’ensemble des capacités et finalités humaines ; la collaboration est à durée déterminée, tandis que la coopération n’a pas d’horizon fini ; la collaboration est une association à objet déterminé, tandis que la coopération est un processus libre de découverte mutuelle. Je soutiens dans le livre que c’est la coopération, et non la collaboration, qui est la source de la prospérité humaine. Car si l’on collabore pour faire, on coopère pour savoir. Et j’identifie un dangereux paradoxe : nous assistons, simultanément, au règne de la collaboration et au recul, peut-être même au déclin, de la coopération. La coopération est aujourd’hui dévorée par la collaboration. »

 

 

(Voir l’entretien : https://www.nonfiction.fr/article-9588-entretien-avec-eloi-laurent-a-propos-de-limpasse-collaborative.htm )