La pédagogie critique ne relève pas d’une recette, elle implique une réflexion sur des principes généraux pour réussir à la mettre en œuvre. Pour cela, on partira de l’exemple de la pédagogie critique à l’école primaire.
La finalité de la pédagogie critique : La pédagogie critique poursuit l’objectif du passage de la conscience quotidienne à la conscience critique. C’est la conscientisation. Cela signifie être capable d’analyser la réalité sociale, non pas uniquement comme des relations entre individus, mais comme des rapports sociaux systémiques. Cela signifie amener les élèves à comprendre que les inégalités sociales, les discriminations ou les questions environnementales affectent plusieurs dimensions de la vie sociale (ex : espace public, espace domestique, travail, emploi, école, médias, logement...)
L’EMC (enseignement moral et civique) : L’EMC constitue une matière centrale pour développer une pédagogie critique. En effet, la lutte contre les discriminations constitue un axe important du programme d’EMC.
La transversalité : Il est ensuite possible à partir de l’EMC de mettre en œuvre une transversalité avec les autres disciplines : littérature jeunesse, affiches en arts plastiques, coopération filles/garçons en EPS, développement durable en sciences, techniques et mathématiques, diversité culturelle en langues, inégalités sociales et mouvements sociaux en histoire-géographie…
Les supports pédagogiques : Une des difficultés de la pédagogie critique consiste dans le fait de trouver des supports pédagogiques (textes, videos…) qui abordent les thématiques de la pédagogie critique (discriminations, inégalités sociales, écologie…) dans une perspective adaptée pour des élèves de primaire. Cela dit, il existe plusieurs sites internet ou éditeurs qui sont spécialisés sur ce genre de thématiques. Voir par exemple Les petits citoyens - https://lespetitscitoyens.com/a-voir/
Les méthodes : il est possible de reprendre des méthodes issues de l’éducation populaire ou encore des pratiques d’enquêtes issues des sciences sociales : cartes subjectives, questionnaires, entretiens, grilles d’observations, études de documents juridiques… Cela suppose une petite formation aux méthodes d’enquête des sciences sociales (Voir Jounin Nicolas, Voyage de classe, Paris, La Découverte, 2014)
La trace écrite : Elle doit par exemple définir les concepts clefs (quoi), les connaissances, faire ressortir les enjeux (pourquoi), formaliser des savoirs-faire (comment faire),….
- Les concepts clefs : stéréotypes, préjugés, discrimination…
- Les connaissances : les causes, les domaines, les conséquences, les lois...
- Pourquoi lutter contre ?
- Les procédures : comment reconnaître telle discrimination ?, comment agir face à telle discrimination ?
L’évaluation du niveau de conscience critique : Pour analyser dans quelle mesure les séances ont permis aux élèves de transformer leurs représentations et de mieux comprendre le caractère systémique des problèmes, il est possible de commencer par une évaluation diagnostique qui sera comparée avec une évaluation sommative finale.
Le développement du pouvoir d’agir : La pédagogie critique peut également se donner comme objectif le développement de la capacité d’action en imaginant des pistes d’action possibles ou par des jeux de rôles ou la participation à des campagnes de solidarité…
Annexe :Éléments sur la structuration d’une séquence de cours
Voici quelques éléments qui essaient de clarifier certains principes généraux relativement à l’organisation d’une séquence de cours dans le premier degré.
1- Regarder les programmes
Dans les programmes repérer les notions et les compétences qui doivent être acquises par les élèves.
2- Organiser une séquence :
- Une séquence comprend une évaluation diagnostique qui permet de déterminer le niveau initial des élèves
- Les séances qui visent à faire comprendre les notions et à acquérir les compétences. Chaque séance ne doit comprendre qu’un seul objectif pédagogique.
- Une évaluation sommative.
3- Organiser une séance :
- Une séance ne doit avoir qu’un seul objectif pédagogique
- Cet objectif doit être explicité aux élèves (quoi)
- Le pourquoi de cet objectif doit être explicité (pourquoi)
- La manière de le réaliser doit être explicité (comment)
- La séance doit donner lieu à une trace écrite avec les notions, le comment et le pourquoi.
Les dimensions à expliciter peuvent l’être par l’enseignant, par les élèves (à l’aide de questions de l’enseignant), par les élèves entre eux.
Pour enseigner plus explicitement, voir ce document :
4- Transversalité thématique :
Il est possible de mettre en œuvre une transversalité thématique par exemple en partant de l’EMC. Le travail qui est fait dans cette matière peut être ensuite décliné dans d’autres matières avec d’autres supports : littérature jeunesse, histoire-géographie, arts plastiques, EPS, Sciences et techniques, mathématiques.