Ethique de la critique : déontologie et éthique en formation des enseignant-e-s

 

 

 

« L’éthique de la critique » (Paulo Freire) s’intéresse plus particulièrement à certaines dimensions de la déontologie et de l’éthique enseignante. Force est de constater que bien souvent les demandes institutionnelles en matière de formation des enseignant-e-s font l’impasse sur certains aspects fondamentaux de la déontologie et de l’éthique enseignante.

 

- Déontologie de l’enseignant et lutte pour les conditions de travail

 

« Toutefois il faut, je tiens à le souligner encore, que, bien que restant dans ce corps enseignant et accomplissant avec amour leur devoir, ils ne cessent de lutter politiquement pour leurs droits et pour le respect à la dignité de leur tâche, aussi bien que pour la diligence due à l’espace pédagogique dans lequel ils agissent avec leurs élèves. » (Paulo Freire, Pédagogie de l’autonomie)

 

La déontologie du fonctionnaire a trait à ce qui dans les textes institutionnels porte sur les droits et les devoirs des enseignants.

 

Mais force est de constater que bien souvent cette formation se montre légère concernant le droit de se syndiquer et de faire grève. Pourtant, ces droits sont indissociables de l’éthique et la déontologie enseignante comme l’a souligné Paulo Freire.

 

En effet, en se syndiquant et en participant à des actions de grève, les enseignants maintiennent les conditions de travail qui sont essentielles à un service public de qualité. C’est pourquoi les droits constitutionnels que sont la liberté de se syndiquer et le droit de faire grève devraient faire l’objet d’une sensibilisation particulière auprès des enseignant-e-s en formation.

 

- Ethique de l’enseignant et rapports institutionnels

 

« Le respect que nous devons en tant que professeurs à nos élèves se manifeste difficilement si nous ne sommes pas, nous-mêmes, traités avec dignité et décence par l’administration privée ou publique de l’éducation. » (Paulo Freire, Pédagogie de l’autonomie)

 

De même la formation à l’éthique des enseignant-e-s comprend certes une mobilisation autour de la lutte contre toutes les formes de discrimination, le respect des élèves et leurs familles… Cette formation comprend également le fait de repérer un élève en situation de maltraitance et de donner l’alerte.

 

Mais elle devrait également inclure une formation à l’identification des situations de travail – souvent induites par le fonctionnement de l’institution – qui conduisent à des risques psycho-sociaux et à une dégradation de la santé psychique et physique au travail.

 

Cela implique la capacité de reconnaître les situations où les enseignant-e-s se trouvent confrontés à de la souffrance éthique au travail et à de la détresse morale.

 

Cette formation implique également une analyse des causes sociologiques qui conduisent à ces situations.

 

Les enseignant-e-s en formation devaient être alors formés à repérer les situations de souffrance et de maltraitance au travail et à pouvoir donner l’alerte à travers par exemple le registre de sécurité et de santé au travail (RSTT).

 

En effet, faire porter uniquement en formation professionnelle des enseignants la responsabilité sur l'enseignant et non également sur le fonctionnement de l'institution, c'est risquer de conduire à augmenter les risques psychosociaux. 

 

Conclusion :

 

La formation en déontologie et en éthique, telle qu’elle est définie par l’Education nationale, fait en grande partie l’impasse sur ce qui relève des droits syndicaux des travailleurs, des conditions de travail, qui sont pourtant des dimensions fondamentales de la déontologie et de l’éthique enseignante.