La pédagogie critique n’est pas un agir technique, mais un agir éthique. Il ne s’agit pas en effet de considérer que la pédagogie est un ensemble de dispositifs techniques qui à travers une certaine organisation du travail scolaire vise le contrôle du comportement d’autrui. Elle cherche à établir une relation éthique entre les personnes, en particulier en luttant contre les rapports sociaux de pouvoir.
1. La cohérence :
La cohérence est la première vertu du ou de la pédagogue critique. Il s’agit d’une cohérence entre le discours et l’action. Néanmoins, la cohérence ne suffit pas pour qu’il s’agisse de pédagogie critique.
En effet, la particularité du discours des pédagogues critiques est d’être orienté vers la justice sociale (lutte contre les discriminations). Un ou une pédagogue critique adhère à des valeurs de justice sociale qu’il ou elle cherche à mettre en œuvre dans la pratique.
2. La prise en compte des rapports sociaux de pouvoir :
La pédagogie critique vise une conscientisation et une praxis concernant les rapports sociaux de pouvoir. Dans la pratique pédagogique, cela se traduit par un enseignement anti-discrimination.
Il y a une différence entre une pédagogie « dite efficace » et la pédagogie anti-discrimination. La pédagogie anti-discrimination ne cherche pas avant tout à lutter efficacement contre la difficulté scolaire. La pédagogie anti-discrimination vise avant tout la lutte contre les discriminations attendu que les discriminations sont contraire aux droits humains fondamentaux.
On ne lutte pas contre les discriminations parce que c’est efficace pour la lutte contre l’échec scolaire, on lutte contre celles-ci parce que c’est contraire aux droits humains fondamentaux et à la dignité de la personne humaine. La lutte contre les discriminations est à elle-même sa propre fin.
3. La lutte contre la réification
Les discriminations sont une atteinte contre la dignité de la personne humaine. De manière générale, la pédagogie critique refuse toute les formes de déshumanisation de l’être humain et de réification.
Cela veut dire que le ou la pédagogue critique cherche à mettre en œuvre des relations humaines qui ne sont pas avant tout tournées vers l’instrumentalisation, mais vers le respect d’autrui.
Pour Paulo Freire, le dialogue constitue le coeur d’une relation humaine où chacun est respecté comme un sujet. C’est pourquoi il accorde une importance fondamentale à la pratique dialogique.
4. Education à la citoyenneté
Dans une éducation qui respecte la liberté des personnes, chacun/chacune doit pouvoir développer sa conception de la vie bonne. Mais, pour que la vie socio-politique soit possible, elle doit reposer sur un engagement de tous et toutes vers la justice sociale, à savoir la lutte contre toutes les discriminations.
La pédagogie critique implique une réflexion et une pratique sur la manière dont cette articulation entre valeurs personnelles et justice sociale s’effectue.
L’éducation problématisatrice est ici fondamentale car elle interroge la place des conditionnements socio-économiques dans les choix de vie que chacun pensent libres et personnels, elle interroge ce qu’est l’engagement citoyen et les formes qu’ils peuvent prendre.
5. La lutte contre les micro-violences discriminatoires
L’agir éthique en pédagogie critique passe par la mise en œuvre de relations entre les élèves, entre les élèves et les enseignants, entre les enseignants et les familles, qui sont fondées sur la lutte contre les micro-violences discriminatoires.