Pédagogie des opprimés de Paulo Freire est considéré par son auteur comme une théorie de l’action révolutionnaire. Néanmoins, à la différence d’autres approches de l’action collective, telle que celle d’Alinsky, l’approche de Freire met un accent plus important, dans l’augmentation du pouvoir d’agir, sur l’éducation.
1) La mobilisation : le rôle de la recherche-action
L’enquête de conscientisation, qui est une forme de recherche-action, joue un rôle chez Freire dans la mobilisation des opprimés. En effet, en allant les interroger sur les thématiques importantes dans leurs vies et les problèmes qu’ils rencontrent, les éducateurs/trices peuvent apprendre à mieux connaître ces problèmes et partent des problèmes qui sont formulés par les opprimé-e-s.
L’organisation d’une réunion pour présenter les résultats de l’enquête constitue un premier moment de la mobilisation. Lorsque cette enquête fait participer les personnes concerné-e-s au processus en tant que sujets, on parle alors de recherche-action participative.
2) La conscientisation
Souvent, les pédagogues critiques travaillent déjà avec un public constitué de part leur activité professionnelle : étudiant-e-s, population à alphabétiser, cours de français, bénéficiaires de l’aide sociale…
Les cercles de discussion :
a) L’expérience sociale vécue de l’oppression : à partir par exemple de photographies (ou de vidéos) qu’il s’agit de discuter, il s’agit d’aborder les situations d’oppression vécues par les personnes.
b) Le dialogue problématisateur : le rôle des pédagogues critiques est de permettre une montée en généralité par une problématisation et la confrontation avec des enquêtes sociologiques sur les inégalités et les discriminations.
c) La synthèse culturelle : est un texte produit par les participantes où ils et elles analysent leurs situations à partir des travaux sociologiques.
3) De l’augmentation du pouvoir d’agir à l’action collective :
a) La démytification : elle est consacrée à l’analyse des mythes intériorisées par les opprimé-e-s et qui empêche leur action. Il s’agit du discours dominant qui pousse au fatalisme.
b) Les inédits possibles : Il s’agit ensuite d’imaginer des inédits possibles qui grâce à l’action collective pourront devenir des inédits viables.
Pour cela, il est intéressant d’étudier des cas d’histoire des mouvements sociaux de manière à favoriser l’imagination d’inédits possibles.
Sous la forme de textes et de dessins, les opprimé-e-s formulent une synthèse de ces inédits possibles.
c) Coopération/union/organisation : les pédagogues critiquent jouent un rôle d’organizing en favorisant la coopération, l’union et l’organisation des opprimé-e-s dans l’action collective.
Conclusion : L’ensemble de ce processus constitue ce que Freire appelle la praxis : Réflexion-action-Réflexion.