Mots clefs : art participatif, art conscientisant, art social, artivisme.
- La conscientisation :
La notion de « conscientisation » peut être approchée par n’importe quel type de création artistique (ex : écriture, peinture, video, théâtre...). Le plus souvent on peut distinguer trois dimensions dans l’art conscientisant : l’engagement socio-politique, la démarche collective, la visée de transformation sociale.
On peut considérer de manière générale que la conscientisation constitue un processus par lequel une personne prend conscience d’une injustice sociale et/ou environnementale.
- Distinction entre « conscientiser » et « expérience conscientisante » :
Une première forme d’art conscientisant cherche à produire une conscientisation chez le ou les spectateurs. Cette forme d’art conscientisant prend souvent une forme affirmative ou injonctive. Elle cherche à faire prendre conscience et à entraîner dans l’action.
L’expérience conscientisante se distingue quelque peu de cette démarche. Elle vise à recréer le sentiment subjectif qu’éprouve un sujet lors d’un processus de conscientisation. Elle a une forme moins injonctif, mais vise plus la problématisation de la réalité sociale. Elle engage à la réflexion critique.
- L’agir esthétique comme résistance à l’agir technique.
Si l’art conscientisant en tant qu’art participatif peut être considéré comme une expérience pédagogique pour autant on ne peut pas réduire cette démarche à une méthode ou à des techniques.
Le recours à la création esthétique constitue une résistance à une réduction de l’agir humain à un agir technique. L’agir esthétique résiste à la logique de la réduction techniciste qui est le propre de l’agir dans le monde capitaliste et plus encore néolibérale.
On peut ainsi rappeler qu’au XIXe siècle le mouvement Art and Craft avait conçu la création artistique comme une résistance à la domination fonctionnelle du monde industriel.
- L’agir conscientisant participatif et empowerment – A. Boal
Augusto Boal dans L’esthétique de l’opprimé considère qu’il s’agit de résister à la perte d’aura de l’oeuvre d’art dans le monde industriel en « promouvant la multiplication des artistes » (« Queremos promover a multiplicação dos artistas ».) Ce ne sont plus alors les œuvres qui sont copiées, mais chaque personne devenant créateur/trice, chaque création possède l’unicité de chaque être humain.
L’objectif de cette multiplication des artistes est de faire prendre conscience à chacun de son pouvoir de création et il s’agit dès lors d’un processus d’empowerment capable de favoriser un engagement dans l’action de transformation sociale.
Annexe: