1. Lexique :
Brave Space (ou espace d’encouragement) et « groupe de conscience » : ce sont des espaces qui visent à développer la capacité des personnes à faire entendre leur voix propre. Le brave space vise à développer la cohérence pratique, ce qui veut dire l’alignement entre la pensée, le discours et l’action. Le brave space est aussi un espace de développement de la conscience dialogique critique nécessaire à la production de la cohérence élargie.
Cohérence interne : La cohérence interne est la capacité de la subjectivité à donner un sens cohérent à la situation sociale dans laquelle elle vit.
Cohérence élargie : La cohérence élargie est la capacité d’un discours, ayant une cohérence interne, à répondre aux objections extérieures. La cohérence élargie est produite par la conscience dialogique critique. Sans la cohérence élargie, la conscience phénoménologique ne peut passer à une théorie sociale critique qui permette de produire une interprétation critique de la réalité sociale afin de la transformer.
Cohérence pratique : La cohérence pratique est la capacité d’un sujet d’aligner sa pensée, son discours et son action. La cohérence de l’action ne peut être obtenue avec une pensée incohérence (cohérence interne et élargie).
Conscience phénoménologique : Il s’agit de la forme de conscience permettant à une subjectivité de décrire son vécu. Cette conscience phénoménologique vise à la production de la cohérence interne.
Conscience dialogique critique : Cette conscience vise à la cohérence élargie par un dialogue de la pensée avec elle-même, ou par un dialogue au sein d’un brave space.
Conscientisation : Processus qui fait passer la conscience phénoménologique à la conscience critique.
Culture du silence : Faire entendre sa propre voix est la première forme de courage car elle suppose de briser la culture du silence. Cette culture peut être obtenue par le conformisme de groupe et/ou la soumission à l’autorité.
Dissidence éthique : La résistance éthique constitue l’ensemble des pratiques que met en place une subjectivité pour lutter contre l’oppression qu’elle vit. La première forme de résistance éthique est la dissidence éthique qui consiste à faire entendre une voix différente.
Education de soi : L’éducation de soi est l’ensemble du processus qui permet à une subjectivité de développer sa propre cohérence.
Expérience vécue : C’est l’expérience sur laquelle s’appuie la conscience phénoménologique pour produire la cohérence interne. Le brave space ne s'appuie pas sur la performativité du langage, mais sur le partage d'expérience sociale vécue en propre par les participantes.
Ouverture au dialogue : Le développement de la cohérence élargie suppose de développer une vertu qui est l’ouverture au dialogue.
Praxis (action-réflexion) : La praxis présuppose la cohérence. Elle consiste en un ensemble qui va de l’expérience vécue, à la cohérence interne, plus à la conscience critique dialogique, puis à la dissidence éthique, et enfin l’action collective. Elle implique la capacité à mettre en lien la réflexion et l’action.
Reframing : Le reframing est la capacité de la subjectivité à changer ses cadres d’interprétation de la réalité. Cette situation peut avoir lieu lors du dialogue critique. Dans ce cas, la subjectivité est conduite à modifier sa cohérence interne et à réinterpréter sa situation avec un autre cadre d’interprétation.
Souffrance sociale : La souffrance sociale est le point de départ phénoménologique de la théorie sociale critique.
Subjectivité : La subjectivité est la conscience phénoménologique située avec son monde vécu qui lui est propre.
Théorie sociale critique : Il s’agit d’une interprétation cohérente de la réalité sociale qui permette à la subjectivité de produire une interprétation de la souffrance sociale qu’elle vit.
Voix propre : La voix propre est celle d’une subjectivité qui est capable de rompre la culture du silence
2 - Processus de conscientisation et de développement du pouvoir d’agir :
1. La conscience expérientielle ou conscience première : c’est la conscience lorsqu’elle se situe au niveau de l’expérience vécue avant d’en produire la description. Elle est prise dans le flux de la vie quotidienne.
2. La conscience phénoménologique : se donne pour objectif de produire une description de l’expérience vécue qui soit la plus cohérente et abstraite possible
3. La conscience critique dialogique : elle vise à produire une cohérence élargie en testant la cohérence interne par des objections externes. Son objectif est la production d’une théorie critique.
3.1. La conscience critique dialogique peut s’éprouver d’abord dans un dialogue intérieur de l’âme avec elle-même
3.2. Elle peut s’éprouver aussi dans l’écriture de dialogues
3.3. Elle peut s’éprouver enfin dans le dialogue avec d’autres personnes. Cela peut être dans le cadre d’un brave space.
4. Oser faire entendre une voix propre : cela vise à encourager la capacité à briser la culture du silence en mettant en cohérence la pensée et le discours.
4.1. Cette dimension constitue un entraînement préalable pour ensuite développer la cohérence entre le discours et l’action.
4.2. L’alliance ou la coopération avec d’autres personnes : cela pose les limites de la cohérence. Quels compromis sont acceptables et lesquels ne le sont pas relativement à sa cohérence éthique ?